13 juillet 2013

[Abbé Régis de Cacqueray, fsspx - Fideliter] Vingt-cinq ans après les sacres : la noblesse des principes pour lesquels on combat

SOURCE - Abbé Régis de Cacqueray, fsspx - Fideliter - juillet-août 2013
C'est normal et c'est même un bon signe que la foi déclenche les plus vives passions dans le coeur des hommes. L'émotion et l'animation que provoque cette vertu théologale en leurs âmes sont le signe indubitable que la foi n'est pas morte en eux et qu'elle est encore assez vive pour commotionner leur intérieur.

En ces temps de vide spirituel et de terrible régression de l'humanité, il faut se réjouir de rencontrer de telles personnes encore assoiffées de connaître Dieu, désireuses de l'aimer davantage et prêtes à tous les combats pour la défense de la vérité révélée. Il faut rendre grâce à Dieu pour ces âmes chez qui la foi est suffisamment vigoureuse pour rendre alertes les passions ! Et plus la foi est profonde, plus les passions qu'elle suscite continueront à croître !

Cependant, on ne doit pas penser, au seul motif que des passions auraient été initialement déclenchées par la vigueur de la foi, que l'on pourrait ensuite laisser libre cours à leur déchaînement, comme si le constat de la bonté de la source permettait de garantir la pureté du cours d'eau jusqu'à son terme. Car le fleuve, chemin faisant, se charge souvent de tant d'eaux étrangères et de tant d'alluvions qu'on peine à en retrouver la limpidité de l'origine.

La noblesse des principes pour lesquels on combat ne suffit pas pour autant à canoniser tout ce que l'on entreprend pour leur défense. Si la raison et toutes les vertus ne se montrent pas particulièrement vigilantes, la pureté du jaillissement initial risque d'être ternie par je ne sais quel relent de la nature, par le jugement propre, par la volonté propre et par la démesure.

A titre d'exemple, on comprend, en ces temps d'apostasie, que l'indignation occupe une vaste place dans une âme catholique Que les évêques et les papes, depuis un demi-siècle, promeuvent des pensées contraires à la foi catholique, voilà un scandale vraiment inouï pour la conscience catholique. Pour garder la foi, il lui faut désormais résister aux chefs de l'Église catholique et à ceux dont elle devrait recevoir l'aliment et les secours divins. Si elle leur fait confiance, ils la conduisent sur des pâturages empoisonnés et ils la livrent aux loups ! Elle se trouve brimée et condamnée pour vouloir continuer à croire ce que l'Église a toujours cru. C'est sa fidélité qui devient la cause des condamnations qui sont fulminées contre elle !

Que cette indignation du spectacle honteux qui nous est donné par les hommes de la hiérarchie de l'Église soulève nos âmes n'est nullement un péché. C'est au contraire le signe d'une âme qui n'est pas anémiée, qui n'est pas gangrenée par le cancer du relativisme. La répétition des visites des papes dans les synagogues et les mosquées, l'utopie de la réconciliation entre le monde et l'Église, tout cela provoque une véritable nausée... Plût à Dieu que ces sentiments d'indignation fussent dans toutes les âmes !

Mais cependant, c'est la raison éclairée par la foi qui doit toujours demeurer la maîtresse de notre vie, de nos pensées, de nos choix, de nos résolutions, de nos actions. Ainsi, il est juste que la vue d'un pape Jean-Paul II baisant le Coran nous plonge dans une profonde indignation. Spontanément, la question nous vient à l'esprit de savoir si un pape qui agit ainsi peut toujours être le pape.

À cet instant, l'erreur consisterait à croire que la passion qui nous anime – aussi sainte qu'elle soit – suffirait à garantir la justesse de toutes nos pensées et nous dispenserait de raisonner. Il n'en va pas ainsi. La raison éclairée par la foi doit toujours demeurer la maîtresse de nos âmes et nous devons inlassablement lui soumettre nos émois, nos alarmes et toutes nos passions, non pas pour qu'elle nous en ampute, mais pour qu'elle nous garde des réactions trop émotives et que tout demeure toujours en nous harmonisé selon la loi de la raison. Ainsi nos âmes demeureront dans cette nécessaire sérénité pour bien juger car « L'âme ne juge bien de la vérité que dans la paix. »

Abbé Régis de Cacqueray †, Supérieur du District de France