3 mai 2013

[Jean de Tauriers, président de ND de Chrétienté - Présent] Notre combat pour la nouvelle chrétienté

SOURCE - Jean de Tauriers, président de ND de Chrétienté - Présent / Rémi Fontaine - 3 mai 2013

Entretien avec Jean de Tauriers, président de Notre-Dame de Chrétienté

Les 18, 19 et 20 mai prochains aura lieu le 31e pèlerinage de Pentecôte, entre Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Chartres, organisé par Notre-Dame de Chrétienté. Rencontre avec son président, Jean de Tauriers.
— Jean de Tauriers, les pèlerins de Chartres repartent très bientôt ?
— Oui, pour une nouvelle édition du pèlerinage traditionnel de Pentecôte, sur le thème « Education, chemin de sainteté », mais dans des circonstances qui ont bien évidemment changé dans notre pays ces derniers mois.
— Vous parlez de la mobilisation contre le pseudo-mariage gay ?
— Effectivement, un mouvement remarquable dont bien peu, il y a quelques années, auraient prédit l’apparition, la montée en puissance et l’affirmation. Beaucoup de nos pèlerins y jouent le rôle qui doit être le leur et je m’en réjouis. En effet, depuis 30 ans, nous concluons nos marches en rappelant que le vrai pèlerinage, le vrai combat pour la chrétienté dure 365 jours par an : nous y voilà enfin !
— Combat pour la chrétienté, dites-vous ?
— Bien sûr. Combattre pour la vraie famille, pour le mariage qui ne peut être que l’union d’un homme et d’une femme, appelés à accueillir les enfants que Dieu leur donne, c’est tout simplement promouvoir la réalité humaine, la loi naturelle, projection de la loi divine dans nos âmes. La famille est la cellule de base de la société voulue par Dieu.
— Le thème du pèlerinage NDC de l’an dernier…
— Oui, comme la vie était le thème de 2011 et donc l’éducation cette année : vos lecteurs auront reconnu les trois points « non négociables » dont parlent les papes, qui sont la base de la loi naturelle. C’est pourquoi les manifestations actuelles sont le prolongement politique de notre marche.
— Pourtant, le pouvoir actuel semble avoir gagné la partie ?
— Vous avez raison de dire « semble ». Un mouvement nouveau, immense, rassemblant une jeunesse ardente et joyeuse, s’est organisé et il ne fait que commencer. Il y aura d’autres batailles, pour lesquelles il faudra être armé à la fois spirituellement, et notre pèlerinage y contribue, et doctrinalement. Un sujet pour lequel nous nous préparons à intensifier nos actions de formation.
— Mouvement « nouveau » ?
— Oui, c’est là l’essentiel. La nouveauté radicale de cette jeunesse face au monde, un monde qui s’enfonce dans sa culture de mort pour la simple et bonne raison qu’il est en train de mourir. Ne croyez pas que j’exagère, observez les signes. Nous vivons la fin de ce que certains sociologues appellent la société postmoderne. Une course frénétique, une multiplication de choses qui se veulent progrès : la théorie du « genre », les pseudo-unions homosexuelles, l’euthanasie, l’eugénisme et je n’oublie pas l’avortement.
— Une accumulation terrible…
— Oui, elle donne le vertige et pourtant, l’accélération de toutes ces folies cache mal l’immense malaise qu’elles suscitent. La jeunesse n’y croit plus… et pour cause. Tout cela est, pour parodier Jean Madiran, une sorte de « vieillesse du monde ».
— Jean Madiran nommait ainsi le communisme…
— Lequel a disparu en Europe et ne survivra guère ailleurs. Il en sera de même pour ces idéologies de mort. Mais il va falloir continuer de se battre contre ses propagandistes, souvent fanatiques, même si ce pouvoir sent parfaitement le malaise. La situation politique le montre : de tous côtés, en France, en Europe, ailleurs, c’est une impasse. Le sentiment d’impuissance totale de nos gouvernants domine : ils ne sont plus « capables » de traiter nos problèmes.
— Pourquoi ?
— Mais parce que leur société est bâtie sur du sable, sur le refus de la vérité et de la réalité. Chesterton l’a dit en une phrase que nous avons souvent citée : « Retirez le surnaturel, il ne reste que ce qui n’est pas naturel. » Retirez Dieu de la société, il ne reste que l’égoïsme, le mensonge, la barbarie. Les exemples fourmillent : de la multiplication de la révélation de scandales dans la classe politique, aux attaques de trains de banlieue comme au pire temps des brigands, ou les trafics en tous genres, les crimes etc. Cela ne s’arrêtera jamais. Chesterton, encore lui, avait raison : « Quand on cesse de croire en Dieu, ce n’est pas pour croire en rien, c’est pour croire en n’importe quoi. »
— Et la solution ?
— Certainement pas de mélanger religion et société, comme le font les musulmans avec la charia. Il s’agit de s’inspirer de la loi naturelle et de la doctrine de l’Eglise pour trouver les institutions et les lois équilibrées dont nos sociétés ont besoin. Donc, combattre toute mauvaise loi, comme le font remarquablement les jeunes de France, qui commencent à comprendre qu’il faut dépasser les idéologies vieillissantes.
— Est-ce suffisant ?
— C’est le premier pas vers la société de demain, la chrétienté, je dis bien : de demain. Voilà la seule nouveauté que nous proclamons durant notre marche vers Chartres : la chrétienté, c’est la société de demain, de l’avenir, de la paix, de la justice et de la joie. Comme l’ont manifesté les jeunes Veilleurs. Le pape François vient de nous dire la même chose il y a quelques jours, le dimanche 28 avril.
— Le pape a parlé de cette « nouveauté » ?
— Oui, en termes très forts, comme un jésuite sait le faire. Je le cite : « Nous avons entendu la belle vision de saint Jean : un ciel nouveau et une terre nouvelle et puis la Cité sainte qui descend d’auprès de Dieu. Tout est nouveau, transformé en bien, en beauté, en vérité (…). Voyez, la nouveauté de Dieu ne ressemble pas aux nouveautés mondaines, qui sont toutes provisoires, elles passent et on en recherche toujours plus. La nouveauté que Dieu donne à notre vie est définitive. »
— On dirait qu’il parle aux Veilleurs !
— Oui ! Ecoutez plutôt : « Les difficultés, les épreuves, font partie de la route (…); nous les rencontrerons toujours dans la vie. Ne pas se décourager ! Nous avons la force de l’Esprit Saint pour vaincre ces épreuves. » Et, plus loin : « Écoutez bien, les jeunes : allez à contre-courant : cela fait du bien au cœur, mais il nous faut du courage pour aller à contre-courant et lui nous donne ce courage ! Il n’y a pas de difficultés, d’épreuves, d’incompréhensions qui doivent nous faire peur si nous demeurons unis à Dieu comme les sarments sont unis à la vigne. (…) Nous, chrétiens, nous ne sommes pas choisis par le Seigneur pour de petites bricoles, allez toujours au-delà, vers les grandes choses. Jeunes, jouez votre vie pour de grands idéaux ! »
— Un programme exaltant !
— Oui, exaltant et difficile, comme peut l’être notre marche de trois jours, fondée sur nos trois piliers : tradition : nos racines, en nous appuyant sur notre amour pour la messe traditionnelle, qui convertit tant de nos pèlerins, chrétienté : harmonie du Ciel et de la Terre, mission : sous forme de la Nouvelle évangélisation. Une marche qui prend une saveur particulière dans le contexte que j’ai décrit : ce sera l’occasion de s’armer spirituellement pour les mois à venir.
— Un pèlerinage sur le thème de l’éducation, donc ?
— Oui, l’éducation comme chemin de sainteté, ce dont tout homme a besoin. Nous commencerons par la messe à Notre-Dame de Paris, comme l’an passé et aurons la joie d’accueillir Mgr Aumonier, évêque de Versailles, qui célébrera la messe dans la cathédrale de Chartres, en présence de Mgr Pansard.
— Un mot de conclusion ?
— Nous vous attendons nombreux au pèlerinage pour préparer votre âme aux futurs engagements. Rien ne se fait de bon sans l’inspiration du Christ. Venez marcher trois jours, venez écouter la vocation à laquelle il vous appelle et quand vous aurez reçu son message, dites-lui « Oui, Seigneur, j’arrive. »

Propos recueillis par Rémi Fontaine
Article extrait du n° 7847 du samedi 4 mai 2013