5 mars 2012

[Jean Bigorne - Ouest France] Les intégristes veulent construire une église à Nantes

SOURCE - Jean Bigorne - Ouest France - 5 mars 2012

La chapelle de la fraternité Saint-Pie X était trop petite pour accueillir tous les fidèles. En 2006 (notre photo), l'abbé Petrucci, à l'époque supérieur du prieuré, évoquait déjà une souscription pour construire un nouvel édifice.

Je reprends ici l'article de mon confrère Joël Bigorgne publié, samedi 3 mars, dans notre édition de Nantes.

Ils étaient à l'étroit rue François-Bruneau, à Nantes. La fraternité sacerdotale Saint-Pie X (lefebvristes) veut construire un nouveau lieu de culte, plus grand. Reste à obtenir le permis de construire.

Le prieuré Saint-Louis. Un endroit discret situé dans un quartier chic, au nord de Nantes. Au fond d'une cour, la chapelle. Un ancien atelier d'électricien, transformé avec les moyens du bord en lieu de culte. C'est dans ce local en préfabriqué, au 25, rue François-Bruneau, que les intégristes catholiques de la fraternité Saint-Pie X (en marge de l'Église officielle) se retrouvent pour célébrer «la messe de toujours» en latin.

Voilà trente et un ans que la fraternité Saint-Pie X s'est installée à Nantes. Et qu'elle organise «la résistance catholique au modernisme de Vatican II». La dizaine de membres que compte le prieuré ne chôme pas : messes quotidiennes, vêpres, confessions, visites aux malades et aux pauvres, conférences, catéchisme... La jeunesse fait également l'objet de toutes les attentions : une école (Saint-Louis) et un collège (Charlemagne) hors contrat, regroupant une bonne centaine d'élèves ; des escouades de scouts, guides et autres louvettes ; un cercle étudiant...
37 m de long et 17 m de large
On vient de toute la Loire-Atlantique assister à la messe selon l'ancien rite. Mais aussi des départements voisins. La petite chapelle de 250 places est souvent pleine comme un œuf. Depuis quelques années, une souscription a été lancée par les fidèles de la fraternité pour en construire une nouvelle.

Et voici que dans le dernier numéro de L'Hermine, le bulletin du prieuré Saint-Louis, l'abbé Patrick de La Roque, le supérieur, dévoile le projet d'une nouvelle église, construite sur le même site de la rue François-Bruneau.

Le permis de construire n'est pour l'instant pas accordé. La réponse devrait survenir en juin. S'il était validé, la construction de cette église serait symbolique, l'année même du cinquantième anniversaire de Vatican II !

Le projet des architectes est assez ambitieux. «Ils n'avaient pas pour consigne de concevoir un édifice classique, peut-on lire dans L'Hermine. Tout en respectant les codes du classicisme, elle devrait donc résolument s'inscrire dans le contexte du XXIe siècle.»

La future église devrait faire 37 m de long, 17,5 m de large. « Pour respecter les règles d'urbanisme, poursuit le bulletin du prieuré, la flèche du clocher ne pourra pas être construite en dur. Elle se fera donc en ferronnerie, pour s'élancer jusqu'à 24 m de haut. »

Le nouvel édifice pourrait accueillir entre 350 et 400 fidèles. Un ascenseur est même prévu, pour permettre aux personnes à mobilité réduite d'accéder dans l'édifice.

Le nouveau bâtiment n'aura pas qu'un seul niveau. Au sous-sol sont également prévus une grande salle de conférences (160 places), une salle de catéchisme, un foyer pour les étudiants, une salle de détente, un petit oratoire.

Grande verrière au-dessus du porche d'entrée, pierre de taille, sol en marbre mexicain, maître-autel taillé dans la pierre de Chauvigny (d'une hauteur de 7,50 m) : l'abbé de La Rocque évoque la «magnificence de l'endroit».

Tout le monde semble avoir mis la main à la poche : « Ceux qui ont de la fortune ou détiennent des postes de commande », mais « aussi les plus pauvres. Car tous les chrétiens sont appelés à être magnifiques de coeur. »

Cette nouvelle église devrait s'appeler Saint-Émilien, évêque de Nantes méconnu. D'après l'abbé Patrick de la Rocque, il fut nommé prélat, « au moment où les Sarrasins franchissaient les Pyrénées pour étendre l'islam en nos contrées [...] et partit se battre pour la défense de la foi et repousser les musulmans... » Tout un symbole, là aussi.

Joël BIGORGNE.