27 janvier 2009





La réconciliation entre Rome et Ecône deviendra-t-elle effective?
27 janvier 2009 - Vincent Pellegrini - lenouvelliste.ch
La réconciliation entre Ecône et Rome sera rendue encore plus difficile parles propos négationnistes de Mgr Richard Williamson. Les évêques suissesexigent par exemple désormais ceci dans leur communiqué diffusé hier: “Lesévêques suisses ont en outre pris connaissance du fait que Mgr Bernard Fellay,supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, a pris ses distances dans uninterview avec les déclarations de Mgr Williamson. Par le passé cependant, lesquatre évêques ont maintes fois déclaré, qu‚eux-mêmes et la fraternité,n‚acceptaient pas la déclaration du concile Vatican II «Nostra Aetate» surles relations avec le judaïsme et les religions non-chrétiennes. Nous, évêquessuisses, attendons qu’au cours des discussions préalables au rétablissementde la communion et à la levée des suspensions, les quatre évêques de lafraternité déclarent de manière crédible qu‚ils acceptent le ConcileVatican II et en particulier la déclaration « Nostra Aetate » et qu’ilsadoptent une attitude positive envers le judaïsme.” Notons pour ceux quecela intéresse que Mgr Williamson tient un blog… Hiersoir, cependant, le supérieur de la Fraternité Saint Pie X, Mgr BernardFellay, a eu le courage de demander pardon au pape pour les propos de MgrWilliamson sur la Shoah. On espère ainsi que le mal est réparé…
Pour la suite, ne nous voilons pas la face. Si Rome exige destraditionalistes l’acceptation totale de tous les textes du Concile Vatican IIjusqu’à la dernière virgule, aucun accord ne sera trouvé. Il faudrait peut-êtrecommencer par déterminer dans les textes du concile ce qui est assimilable àdes constitutions dogmatiques et ce qui est de l’ordre des orientationspastorales. Ecône pourrait sans doute accepter des textes dogmatiques précisdu Concile (comme dans l’accord Ratzinger-Lefebvre de mai 1988) ou une formulegénérale du genre “nous acceptons Vatican II interprété à la lumière dela Tradition”, comme nous l’avait dit Mgr Lefebvre dans une interview en1988. Mais Ecône veut surtout entrer dans des discussions de fond - par naturelongues - sur les réserves faites par la Fraternité Saint Pie X quant àcertains textes du concile Vatican II. Mgr Fellay nous avait précisé saposition en 2005 dans une interview: il ne veut pas d’un simple accordpratique qui ne réglerait pas les différents théologiques de fond car dans cecas de figure même en réintégrant l’Eglise officielle les évêques et lesprêtres ne seraient selon lui pas acceptés par la hiérarchie. En fait c’esttoute une culture du dialogue que les deux camps vont devoir apprendre, surtoutEcône. La Fraternité ferait bien d’écouter avec bienveillance Benoît XVI.Il a offert une porte de sortie ou plutôt d’entrée au traditionalistes encritiquant à plusieurs reprises ceux qui faisaient une fausse interprétationdu concile Vatican en se réclamant à tort d’un “esprit du concile”. Lepape visait là clairement les courants les plus progressistes qui font dire auconcile ce qu’il n’a pas dit. Mais les traditionalistes aussi ne doivent pasfaire dire au Concile ce qu’il n’a pas dit…
Le cardinal Dario Castrillon Hoyos, chargé par le pape des relations avecles traditionalistes, a toujours été plus optimiste que nous. Il répondaitpar exemple l’an dernier dans une interview de journaliste faite par VittoriaPisciandaro pour un titre italien (extraits de l’interview): ”
Auels sont les délais prévus pour la réconciliationavec la Fraternité Saint Pie X ?
Réponse du cardinal Hoyos: « Il y a des signes positifs ; il y a un dialogue non interrompu. Il y a quelques jours à peine, j’ai écrit une nouvelle lettre à monseigneur Fellay, le supérieur de la Fraternité, en réponse à sa lettre précédente. Outre les rencontres et la correspondance, nous nous parlons au téléphone. Je considère viable une réconciliation avec la Fraternité Saint Pie X parce que, comme nous l’avons souvent dit à « Ecclesia Dei », il ne s’agit pas d’un vrai schisme mais d’une situation anormale apparue après l’« action schismatique » de monseigneur Lefebvre avec l’attribution de l’épiscopat sans mandat pontifical, à l’encontre de la volonté exprimée par le Pape. Dans mon cœur, j’ai une grande confiance que le Saint-Père réussira à retisser les liens de l’Église avec l’accès de ces frères à la pleine communion. Il restera toujours quelques différences, comme nous en avons toujours eu dans l’histoire de l’Église ».
Mais avec les Lefevbristes il y a aussi un problème d’acceptationdu dialogue œcuménique…
cardinal Hoyos: « Oui, en effet, il y des difficultés relatives à l’interprétation des témoins du Concile à ce sujet et à certaines pratiques concrètes œcuméniques, mais aucun évêque de la Fraternité Saint Pie X ne dira qu’il ne faut pas chercher l’unité des chrétiens ».
Après le Motu proprio, certains membres de la Fraternité Saint PieX sont-ils de nouveaux en communion avec l’Église de Rome ?
cardinal Hoyos: « Oui, et d’autres souhaitent le faire aussi. Mais j’ai l’espoir que le groupe entier vienne ; je ne voudrais pas qu’il se divise. Cependant si une personne vient et dit qu’elle veut être rapidement en unité avec le Pape, nous devons l’accepter. Le Motu proprio a aussi suscité le rapprochement d’autres personnes. Par exemple, le 28 mars, j’ai reçu la lettre d’un évêque non catholique qui a décidé d’entrer dans l’Église catholique avec d’autres évêques et des prêtres qui célèbrent la Messe tridentine ».
Comme disait Mgr Norbert Brunner ce week-end au sujet du processus en cours,“on ne peut qu’espérer”