31 janvier 2009





Avis de tempête médiatique
31 janvier 2009 - Didyme - e-deo.info
Partout, on sonne l’hallali, on crie à la mobilisation. No Pasaran ! Les hérauts de l’ordre laïc s’apprêtent à combattre le retour de l’obscurantisme. On fourbit ses armes, on relance les anathèmes, on écrit, on publie, on signe des pétitions, on affirme une foi catholique que l’on a jamais eu. Les journaleux retrouvent les joies d’une foi oubliée depuis longtemps. Des gestes qu’une gauche libérale avait bannis du vocabulaire font soudainement leurs apparitions. On devient pointilleux, on insiste sur la lettre et la virgule, on fait de grandes sorties contre l’hérésie en l’accusant de blasphème.
Non, Mesdames, Messieurs, la France inquisitoriale n’a pas disparue. Elle survit très bien. Elle survit dans cette gauche libérale, critique d’Humanae Vitae et de l’opposition à l’avortement, soutien de Mgr Gaillot et des dissidents, théologiens de la libération et autres comparses, pourvu qu’ils ne soient pas conservateurs. Ici ou là, des prêtres lancent des anathèmes au pape et aux catholiques, refusant obstinément la politique unitaire œcuménique. L’œcuménisme, c’est bien, mais pas celui-là. Ceux-là mêmes qui ont critiqué l’infaillibilité pontificale du concile Vatican I l’invoque aujourd’hui pour excommunier des gens que l’on qualifie d’hérétiques, de schismatiques, de négationnistes, d’extrémistes ; des gens dont personne n’avait entendu parler jusque là, en dehors du petit cercle des initiés catholiques.
 
Ils n’ont jamais mis les pieds dans une église, mais ils s’autoproclament experts en religion. Et voilà qu’on interroge des Juifs pour les opposer au pape. Que des Juifs aient rompu le dialogue en 2008 suite au projet de béatification de Pie XII ne les intéressent pas. Que d’autres aient rompu le dialogue pour protester contre la prière pour les Juifs du Vendredi Saint ne les intéressent pas plus. Non, la responsabilité est catholique. Des pitres béotiens valent bien les nombreuses années de théologie du pape et de Mgr Lefebvre. “Etes-vous pour cette “réintégration” ? Comment jugez-vous l’attitude du pape ? Voulez-vous faire un communiqué ? Vous rempliriez ma feuille de choux…” Cloué au pilori, on espère que le pape reviendra sur sa décision, qu’il fera plus pour les Juifs ou qu’il provoquera l’abdication complète et généralisée de l’Eglise catholique. On en profite pour exiger la reconnaissance de tout et de rien, des amendes honorables, des expiations publiques sur l’histoire et sur le concile. Des montagnes de frustrations et de non-dits réapparaissent soudainement, comme pour dévoiler la véritable nature des évêques crypto-socialistes.
Dans un immense mouvement de lâcheté compulsive, on s’associe à nos frères juifs plutôt qu’à nos frères chrétiens ; une hiérarchie éhontée se précipite pour rappeler pompeusement que non, ce n’est pas possible, ils ne sont pas comme nous, ils ne sont pas réintégrés. Sur les fora, tout le monde est d’accord : “Ce n’est pas cette Eglise-là que je veux…puisque c’est ainsi, je quitte l’Eglise… Je boycotte le denier du culte… Ils sont tellement obscurantistes…”
Les appels à l’unité, qui furent longtemps sur toutes les lèvres, se noient sous les diarrhées chroniques d’injures et d’imprécations. Ceux-là qui prétendent que l’on ne peut lutter contre le “sens de l’histoire” voudraient précisément oublier leurs stupidités d’antan pour empêcher cette liberté-là : l’émancipation des traditionalistes. Mais ce serait peu dialectique, voyez-vous !!!
L’intégrisme désigne le fait de ne jamais interpréter les textes sacrés. Et regardez-les s’attacher à la moindre nuance qui permette d’excommunier les renégats lefebvristes. Regardez-les plonger leurs regards vitreux dans les volumes canoniques desquels émanent des volutes de poussières asphyxiantes.
Une clique de vieillards moribonds repart en guerre pour éviter “les heures les plus sombres”. Et si l’on évoque du bout des lèvres la déportation et la mort en camp de concentration de René Lefebvre, père de l’évêque, ce n’est que pour souligner son appartenance à l’Action Française, chose qui retombe, héréditairement ou génétiquement, sur son “fasciste” de fils.
Cette crise aura un double effet bénéfique : attirer l’attention sur les traditionalistes et débarrasser l’Eglise des traîtres libéraux. Car personne ne s’attaque au problème de fond : l’état de nécessité, qui entraîna le choix de sacrer des évêques. Personne ne le conteste, comme si tout le monde l’avait admis, légitimant par là le geste du prélat catholique. Les personnes honnêtes, qui sont plus nombreuses qu’on ne le pense, finiront bien par s’en apercevoir.
Les Torquemada de l’ordre libéral ne seront plus très longtemps les fossoyeurs de la liberté liturgique.