12 mars 2009

Williamson : Benoît XVI exprime son désarroi
12/03/2009 - Aude Sérès - lefigaro.fr
Dans une lettre adressée aux évêques, le Pape se dit «attristé» par cette crise et la violence des réactions qu'elle a provoquées. Après un mois et demi de tumulte, Benoît XVI explique, dans une lettre adressée à tous les évêques du monde et qui sera rendue publique jeudi à midi, pourquoi il a levé l'excommunication de quatre évêque lefebvristes et comment il a personnellement vécu cette crise majeure.
Seules des citations étaient disponibles, mercredi, dans la presse italienne. En l'occurrence dans Il Giornale sous la plume du journaliste Andrea Tornielli, considéré comme une source autorisée sur le Vatican. Elles sont toutefois suffisamment fiables pour donner une idée d'un texte de quatre pages déjà reçu par les évêques de France et dont l'une des principales informations est de confier désormais le dossier intégriste non plus à la commission «Ecclesia Dei» (cette structure ad hoc du Vatican, qui a essuyé de multiples critiques internes ces derniers temps), mais à la congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ce qui semble indiquer que le dialogue va désormais porter sur le fond, à savoir la question du concile Vatican II.
Benoît XVI, en revanche, n'aborde pas, dans ce courrier, la douloureuse affaire brésilienne qui vient de provoquer une nouvelle polémique mondiale à la suite de l'excommunication prononcée par Mgr José Cardoso Sobrinho, évêque de Recife et Olinda, à l'encontre de la mère d'une fillette de 9 ans, enceinte - par suite de viols commis par son beau-père - de jumeaux. Ne pouvant médicalement poursuivre sa grossesse, elle avait été autorisée à avorter. Dans sa lettre aux évêques, le Pape reconnaît donc que l'affaire de la levée des excommunications «a suscité à l'intérieur et hors de l'Église catholique une discussion d'une véhémence que l'on n'avait pas connue depuis longtemps». Et de poursuivre : «J'ai été attristé par le fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir comment sont les choses, ont pensé devoir me frapper avec une hostilité prête à l'attaque.» Il remercie alors ses «amis juifs» qui ont contribué à lever le «malentendu» et à «rétablir une atmosphère d'amitié et de confiance».
Toujours selon les extraits publiés, Benoît XVI reconnaît cependant que «la portée et les limites» de sa décision n'ont pas «été expliquées de façon suffisamment claire au moment de sa publication».
Un rôle de bouc émissaire
Le Pape dit avoir agi «en ayant à cœur l'unité des croyants», et pour éviter que les intégristes, forts de «491 prêtres, 215 séminaristes, 117 religieux, 164 religieuses et de milliers de fidèles», s'en aillent «à la dérive loin de l'Église».
Plus largement, Benoît XVI estime que les intégristes auraient joué un rôle de bouc émissaire qui aurait rejailli sur sa propre personne. «On a parfois l'impression que notre société a besoin au moins d'un groupe envers lequel on n'accorde aucune tolérance, contre lequel on peut tranquillement se jeter avec haine. Et si quelqu'un ose s'approcher de lui - dans ce cas, le Pape -, il perd lui aussi le droit à la tolérance et peut, lui aussi, sans peur et sans réserve, être traité avec haine», écrit Benoît XVI.
Une fois de plus, le Pape demande dans cette lettre aux intégristes de la Fraternité Saint-Pie-X d'accepter les enseignements de Vatican II. Tout en adressant, à propos de l'interprétation de ce concile, un message à l'attention de toute l'Église : «On ne peut couper les racines sur lesquelles l'arbre vit.»