1 mai 2006

[Virgo Maria] Mgr Tissier rejette toute « réconciliation » avec Ratzinger qu’il accuse de professer des « hérésies pires que celles de Luther»

SOURCE - Virgo Maria - 1er mai 2006

Mgr Tissier préconise la suppression pure et simple, «tabula rasa», de «Vatican II qui ne peut être lu comme une œuvre catholique», et désavoue toute référence au discours du 22 décembre 2005 de Ratzinger.

Un évêque sacré par Mgr Lefebvre, son secrétaire particulier, son fils spirituel et aussi son biographe, parle. Son intervention est de nature à réduire en miettes 7 ans de «processus de réconciliation» avec la Rome antichrist.

Mgr Williamson dans son bulletin d’avril dénonçait les «ennemis conciliaires» et mettait déjà en garde la Direction de la FSSPX contre toute «conciliation» avec Rome. Il prenait l’image de l’Irlande et comparait Mgr Fellay à Michael Collins qui avait été instrumentalisé par Londres afin de déclencher la guerre civile irlandaise, en jouant sur sa faiblesse personnelle. De façon analogue, le «processus de réconciliation» engagé par Mgr Fellay au nom de la FSSPX menace celle-ci d’une guerre civile interne.
 
En déplacement aux Etats-Unis pour les confirmations, Mgr Tissier de Mallerais a accordé le 30 avril 2006 à Stephen L.M. Heiner, un jeune webmestre américain, une interview qui est publiée et diffusée par The Remnant, un journal de laïcs américains, dont nous avions déjà publié la traduction française d’un document[2]. Dans ce document publié le 25 février, le rédacteur en chef de The Remnant et son collègue de Catholic Family News, Michael J.Matt et John Vennari, se livraient à un véritable réquisitoire contre les abbés Ratzinger et Hoyos, et dissuadaient Mgr Fellay et la FSSPX de tout accord avec eux.
 
Voici quelques éléments essentiels de cette intervention de Mgr Tissier de Mallerais. Son interview a été réalisée par le même jeune webmestre que Mgr Fellay avait corrigé au téléphone en février[3]. Il va sans dire que les propos interminables et filandreux de Mgr Fellay en février font pâle figure en face du texte court, mais vigoureux et digne d’un véritable pasteur, que livre ici Mgr Tissier de Mallerais. On ne compare pas des propos de politiciens, fussent-ils ecclésiastiques, avec les propos des confesseurs de la Foi. En ce dimanche du Bon Pasteur, les brebis sauront faire le tri.
  • Au sujet de l’évocation par le texte de la dernière réunion de la Conférence épiscopale française qui insistait sur la «Communion» avec Rome et appuyée par Mgr Rifan
«Tout d’abord, je ne suis pas familier avec ce texte. Je ne le connais pas. Il ne m’intéresse pas, je ne suis pas ce genre de nouvelles. Ce n’est pas le problème présent. Le problème n’est pas la «communion». C’est l’idée stupide de ces évêques depuis Vatican II – il n’y a pas de problème de communion, il y a un problème de profession de la Foi. La «communion» n’est rien, c’est une invention de Vatican II. Le point essentiel est que ces personnes (les évêques) n’ont pas la Foi Catholique.  «Communion» ne signifie rien pour moi – c’est un slogan de la nouvelle Eglise. La définition de la nouvelle Eglise est «communion», mais cela n’a jamais été la définition de l’Eglise Catholique. »
  • Ratzinger n’a rien fait depuis un an. Il ne fait rien pour l’Eglise (répété plusieurs fois)
«Je l’ai connu comme négociateur, qui voulait se réconcilier avec nous, nous réintroduire dans l’Eglise Conciliaire. Il était alors pour moi, un homme intelligent, motivé par le projet de la «ré-intégration». Nous avons évité ses initiatives. Mais maintenant, je pense qu’il est le Pape, maintenant, oui, il est le Pape et il a des grâces spéciales, mais il n’utilise pas ces grâces spéciales car il ne fait rien pour l’Eglise. Un an s’est écoulé, et il n’a rien fait !»
[...] «Il était honnêtement persuadé que nous étions en dehors de l’Eglise et que nous avions le devoir de nous ré-introduire dans l’Eglise. C’est bien sûr ridicule, car nous ne sommes pas en dehors de l’Eglise. Nous ne l’avons jamais été. C’était une grande aspiration pour lui (la réconciliation). C’était quelques mois avant ma consécration comme évêque. Mais il est maintenant le Pape ! Il devrait faire quelque chose pour l’Eglise ! Mais il ne fait rien !»
  • Selon Mgr Tissier, Ratzinger ne gouverne pas l’Eglise, il est paralysé volontairement dans la collégialité. Il est attiré par la religion juive.
  • Pour Mgr Tissier, il serait normal qu’un simple prêtre soit élu en juillet. L’interviewer Stephen L.M. Heiner insiste beaucoup sur la réélection possible de l’abbé Schmidberger à la tête de la FSSPX.
  • Mgr Lefebvre n’a jamais traité de la validité des consécrations épiscopales selon Mgr Tissier qui déclare ne pas connaître la pensée de Mgr Lefebvre sur ce sujet :
«Je ne connais pas sa pensée (à Mgr Lefebvre) à ce sujet. Il ne connaissait pas le nouveau rite relatif à l’Episcopat. Il n’étudia ou ne lut pas ces sujets. Parce que tout simplement, il continua avec l’Ancien Rite».
  • Ratzinger est pire que Luther. Ce Pape a professé des hérésies dans le passé et il ne s’est jamais rétracté. Il a écrit un livre entier en 1968 et il ne s’est jamais rétracté. Il a nié le dogme de la Rédemption.
"Quand il (B. XVI) était théologien, il a affirmé des hérésies, il a publié un livre plein d'hérésies.
[...] Il a écrit un livre appelé Introduction au Christianisme, c'était en 1968. C'est un livre plein d'hérésies. Spécialement la négation du dogme de la Rédemption.
[...] Il écrit que le Christ n'a pas réparé nos péchés, qu'il ne les a pas expiés. Que Lui, Jésus-Christ, n'a pas satisfait pour nous péchés. Ce livre nie l'expiation par le Christ de nos péchés...
[...] Il nie la nécessité de la rédemption.
[...] Il va beaucoup plus loin que Luther.
[...] C'est pire que Luther, bien pire.
[...] Il n'a jamais rétracté ces déclarations.
[...] [et il a enseigné] beaucoup d'autres hérésies. Beaucoup d'autres. Il a émis des doutes au sujet de la divinité du Christ, concernant le dogme de l'Incarnation...
[...] Il relit, réinterprète tous les dogmes de l'Eglise. Absolument. C'est ce qu'il appelle l'"herméneutique" dans son discours du 22 décembre 2005.
[Il interprète la doctrine catholique] selon la nouvelle philosophie, la philosophie idéaliste de Kant. [...] J'ai lu Joseph Ratzinger, et je peux vous assurer que [tout cela] est vrai."
  • Il n’est pas possible de lire Vatican II à la lumière de la Tradition. Vatican II ne peut être lu comme un travail catholique, Vatican II est basé sur la pensée d’Emmanuel Kant, sur l’idéalisme allemand. L’Eglise doit supprimer Vatican II et l’oublier, faire une tabula rasa de Vatican II
"[L'unique interprétation possible, la seule relecture possible du concile est ] à la lumière de la "nouvelle philosophie". Oui, c'est cela la véritable "lumière" [gloussements]. C'est l'unique "lumière" avec laquelle vous pouvez le lire.
[...] Vous ne pouvez pas lire Vatican II comme une oeuvre catholique. Il est basé sur la philosophie d'Emmanuel Kant. [...] Exactement [sur] l'idéalisme allemand.
[...] Je le dis, un jour l'Eglise devra effacer ce concile. Elle n’en parlera plus du tout. Elle l’oubliera. L’Eglise sera prudente si elle oublie ce concile. [...] L’oublier, oui. Comme un blanc - tabula rasa."
Mgr Tissier insiste à la fin de son interview auprès de Stephen L. Heiner pour lui dire qu'aucune de ses questions n'a touché le vrai fond des choses, et c’est alors qu’il entreprend de démontrer que l’abbé Ratzinger professe des hérésies. Le webmestre, visiblement surpris par la force des propos de l’évêque, lui relit ses notes et lui fait confirmer ses propos, afin de bien s’assurer que ses notes reflètent bien la pensée de Mgr Tissier. Il lui fait observer également que The Remnant a une grande diffusion, comme s’il voulait s'assurer que Mgr Tissier est bien conscient de la répercussion que ses propos vont avoir. Mgr Tissier montre ainsi clairement qu’il assume pleinement son interview.
 
Nous observons aussi et malheureusement que dans ce texte, Mgr Tissier répète les incohérences d’Ecône : bien qu’hérétique, Ratzinger serait le vrai Pape. Et Mgr Tissier lui reconnaît la légitimité. Selon lui, l’Eglise supplée. Nous avons déjà démontré que ces incohérences, qui ne sont pas catholiques, proviennent d’un mauvais enseignement reçu sur la question du magistère ordinaire universel. Cette fausse conception s’appuie sur une pensée qui déplace le terme Magistère de son sujet (la fonction d’enseigner, c’est-à-dire l’autorité légitime) vers son objet : l’enseignement ou le message. Cette inversion de l’objet qui devient sujet, s’oppose à l’enseignement de l’Eglise, et engendre une fausse conception de l’infaillibilité du Magistère ordinaire universel. Nous invitons les lecteurs à se reporter à notre étude.
 
Malgré ces incohérences déjà connues, par cette intervention Mgr Tissier de Mallerais rejette tout accord et toute concession avec l’abbé Ratzinger. Un évêque sacré par Mgr Lefebvre parle et ses propos constituent le désaveu cinglant de toute l’œuvre de désinformation menée par les abbés Lorans et Sélégny depuis août 2005. Cette invention du leurre du «processus de réconciliation», cette mise en avant de l’«herméneutique» du discours du 22 décembre, de la «réhabilitation de Romano Amerio», bref toute cette manipulation médiatique par DICI, Nouvelle de Chrétienté et La Porte Latine vient de voler en éclat. L’Evêque français, Mgr Tissier de Mallerais, vient d’un coup de crosse balayer ces armes de désinformation et de division de la FSSPX forgées depuis des mois et des années par le réseau allemand.
 
Mgr Lefebvre semble parler à travers Mgr Tissier de Mallerais qui s’exprime dans un langage de confesseur de la Foi. Les discours politiciens d’un Mgr Fellay et les communications savamment concoctées par les abbés Lorans et Seligny apparaissent pour ce qu’elles sont : des corps étrangers introduit dans l’œuvre de Mgr Lefebvre afin de la diviser et de la détourner de sa finalité qui est la préservation du Sacerdoce catholique valide.
 
Mgr Tissier a évoqué la question de l’invalidité des sacres mais sans se prononcer en des termes qui l’engagent. En fait il dit que Mgr Lefebvre ne l’a pas étudié et que lui-même, Mgr Tissier ne connaît pas la pensée de Mgr Lefebvre à ce sujet. Il est à remarquer que Mgr Tissier se garde sur ce sujet de manifester son soutien public à la position du Père Pierre-Marie, dont il évite de prononcer le nom, alors qu’il pouvait le faire, la possibilité lui en étant ainsi offerte par Stephen L. Heiner. En fait, il reste prudent, ce qui laisse deviner que déjà l’étude du Père Pierre-Marie ne convainc plus et qu’au sein de la FSSPX des clercs étudient cette grave question de près et se refusent à emboîter le pas à la pseudo-démonstration de Dom Botte de validité, par une prétendue « analogie » avec des rites orientaux, reprise à leur compte sans le dire par les rédacteurs du Sel de la terre en novembre 2005 dans le numéro 54. Désormais les travaux de Rore Sanctifica circulent ainsi que la démonstration théologique de l’abbé Cekada de l’invalidité de la nouvelle forme de la consécration épiscopale conciliaire, et beaucoup découvrent que la nouvelle forme de 1968 ne signifie pas le pouvoir d’ordre conféré (potestas ordinis) et donc qu’elle est absolument invalide.
 
L’opposition interne au sein de la FSSPX devient de plus en plus publique contre l’orientation désastreuse que le clan des «concilieurs», Mgr Fellay, l’abbé Schmidberger, le réseau allemand et leurs relais de Suresnes, ont imprimé à la FSSPX depuis la mort de Mgr Lefebvre. La survie de la Foi catholique et du Sacerdoce catholique apparaît de plus en plus comme l’enjeu principal.
 
Ajoutons que la version du site de Stephen L. Heimer est la version complète envoyée au Remnant. Une polémique a lieu aux Etats-Unis actuellement, certains prétendant que The Remnant aurait coupé une partie du texte de Mgr Tissier au sujet de Fatima, car cela ne lui conviendrait pas. Rappelons que Mgr Tissier a donné, en 2004 dans un Symposium de théologie à Paris (actes publiés en octobre 2005), une interprétation de la « Bête de la terre » similaire à celle que développa Rore Sanctifica tome I, et de façon indépendante, en juillet 2005.
 
Nous livrons ci-dessous le texte de l’interview en anglais tel que publié par Stephen L.Heiner.
 
Alors continuons le bon combat
 
Abbé Michel Marchiset

[Suivi du texte en anglais]