26 juin 2008

Permettez au Scribe sympathique qui vous inquiète de vous rassurer...
26 juin 2008 - Scribe - leforumcatholique.org
réponse à Monsieur l'Abbé de Tanouärn

Monsieur l'Abbé,

Permettez au Scribe sympathique qui vous inquiète de vous rassurer.


La FSSPX ne vit pas à l'heure actuelle une tornade (quelle expression tenant à un phénomènes météorologiques incontrôlable). Rome, au travers de Mgr Castrillon Hoyos a choisi de "mettre la pression" sur la FSSPX en l'obligeant, à peine de sanctions canoniques renouvelées mais inconnues, à la hussarde, à signer une lettre d'engagement qui finalement n'est pas aussi neutre que cela, et ce dans les meilleurs délais. La première réponse évidente de Mgr Fellay, le Suisse, fut de dire non, à Winona, le 20 juin dernier.


Pourquoi ces 5 conditions sont à la fois anodines et bigrement embêtantes ?


Vous dites en premier lieu qu'il s'agit d'un "code de bonne conduite" et que surtout, les supérieurs ne devront pas céder à la tentation d'un magistère supérieur à celui du Pape : qu'est-ce à dire ? que la magistère actuel du Pape (comme celui de ces deux prédécesseurs médiats) est supérieur au magistère traditionnel ou que la FSSPX est en train de recréer un nouveau magistère ? car à ce que je sache, la FSSPX ne fait rien d'autre que de rappeler au Pape que le Magistère qu'il heurte de manière récurrente (avec un certain adoucissement lié à son amour de la liturgie traditionnelle) est un magistère traditionnel et infaillible qu'il n'a pas le pouvoir de modifier.


La réaction primaire du scribe, vulgaire fidèle de base de la FSSPX (désolé Glycera !) est donc de dire que seule depuis 40 ans (ou presque), la FSSPX s'oppose à ce que le magistère traditionnel soit brocardé. Seule la FSSPX a lutté (tout au moins au début) pour rappeler sans cesse que le Pape n'a pas le droit de contredire ce magistère. Seule la FSSPX qui vous a formé (je vous le rappelle en tant que de besoin) a lutté pour que soit maintenu le rite, la doctrine mais aussi le catéchisme le plus catholique qui soit. Est-il normal de lui être fidèle (du latin fidelis : loyal entre autres sens) ? Est-il logique de penser que la FSSPX, qui s'est opposé au Pape, le Vicaire du Christ (dont vous dites que c'est la seule autorité à laquelle il faut obéir) pour le bien de tant d'âmes, dans tant de combats (dont celui de la messe Tridentine qu'elle a remporté pour le bien de tous), qui a tant souffert, ne saurait plus aujourd'hui guider ceux qui s'en sont remis à elles ? Alors, le sympathisant de base reste fidèle et reconnaissant. Pourquoi le Cardinal Hoyos nous demande aujourd'hui de la gratitude : pour ces déclarations en demi-teinte à l'égard de la FSSPX ou pour le motu proprio Summorum Pontificum, premier préalable de la FSSPX pour une normalisation des relations avec Rome ?


Il est même surpris de vous entendre vous, l'ancien trublion de la FSSPX, le pourfendeur du concile, dire d'un seul coup que "cette autorité – NDLA du Vicaire du Christ)- dans son principe même, nous devons lui être fidèles lorsqu'elle prend des formes à travers lesquelles c'est l'autorité du Christ lui-même qui se donne". A votre avis, quelle était l'autorité du Christ lors des Sacres ? Sommes-nous pour autant devenus les orléanistes de la religion catholique où restons-nous des légitimistes qui attendent de voir leur prince prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses obligations ?


En second lieu, vous prenez au pied de la lettre la réaction de Mgr Fellay à Winona lorsqu'il dit que nous n'accepterions pas de nous taire. Vous dites qu'il nous est demandé de respecter la personne du Pape et que les qualificatifs employés sont des raccourcis offensants et enfin que vous avez obtenu le droit de critiquer positivement Vatican II.


Quelle est la meilleure façon de respecter le Pape, chef de l'Eglise catholique : en ne lui disant pas quand il se trompe, ou en lui disant quand et pourquoi il se trompe , surtout quand il risque d'entraîner le reste des fidèles dans l'erreur ? le devoir du fils respectueux est d'informer son père. Vous me direz, il peut le faire discrètement, sans que les autres enfants le sachent. Oui et non car si l'erreur est publique et est déjà entrée dans les cœur et les cervelles, alors la réaction doit être publique pour essayer de remettre sur le droit chemin les autres enfants. Qualifier le Pape de libéral est-il offensant lorsqu'il professe des théories libérales (notamment lors de ses discours aux Etats-Unis) ? ne pensez-vous pas la encore qu'il convient dans la charité d'appeler un chat un chat et non d'endormir le Saint-Père dans de doucereux mensonges : au contraire, il faut réveiller le traditionaliste liturgique qu'il est pour qu'il devienne un Saint-Pie X. C'est en ce la que l'Espoir réside.


Un point m'a fait sourire dans votre contribution, ce sont les excuses de Mgr Fellay à Mgr Hoyos : je ne sais comment ce bruit si précis a pu vous parvenir car cette entrevue est intervenue dans un cercle fort restreint et les quelques informations qui ont filtré ne portent pas sur cela.


Vous dites et insistez lourdement sur le fait que vous avez obtenu le droit de critiquer positivement le concile. Indépendamment du renvoi qui peut vous être fait sur l'excellent article de Jean Madiran, je me permettrai simplement, après avoir lu votre blog ainsi que celui de l'Abbé Laguérie, de me demander où et quand vous avez usé de ce droit.


En troisième lieu, vous nous indiquez que le moment est historique et en gros, qu'on ne nous resservira pas le plat deux fois (vous avouerez que de votre part, c'est décevant car c'est un lieu commun fréquemment répandu dans les salons tradis). N'est-ce pas vous qui disiez récemment que nous n'avons aucun intérêt, à peine de voir la FSSPX se volatiliser en plein vol (pour reprendre vos propres termes) à signer un accord (d'ailleurs quel est votre avis personnel sur cette question?). Certes, il ne s'agit pas d'un accord à proprement parlé mais tout de même d'un engagement à se taire. Et c'est peut-être à l'aura de votre propre expérience que Mgr Fellay s'interroge : votre silence sur Vatican II depuis la création de l'IBP laisse à penser que nonobstant votre droit théorique, le silence est imposé en pratique.


Enfin, quelle serait aujourd'hui la légitimité de Mgr Fellay à refuser indépendamment d'éléments extérieurs que nous ne connaissons pas? Surement pas le basculement dans le sédévacantisme (et dans votre exemple, une espèce de cassiciacum) mais plutôt :


1°) en tant que successeur de Mgr Lefebvre, la crainte de se voir museler et d'empêcher le retour doctrinal de la tradition car Mgr Lefebvre n'entendait pas être museler quand il s'agissait de la Vérité.


2°) en tant que chef de la FSSPX (bien qu'il ne prenne pas, par prudence, la décision seule) parce que Rome ne respecte pas l'accord sur le processus de normalisation établi avec Rome en 2005, ce qui ne laisse rien augurer de bon pour les futures discussions doctrinales.


3°) la certitude de la fidélité des membres de la FSSPX et des fidèles qui l'entoure, quelle que ce soit la décision qui sera prise, avec la grâce de l'Esprit-Saint, pour le plus grand bien de l'Eglise.

Croyez, Monsieur l'Abbé, à l'assurance de mes prières tant pour vous que pour la FSSPX.