4 juillet 2008

Lettre ouverte d’un fidèle de la FSSPX à Mgr Fellay et à l’abbé de Cacqueray
4 juillet 2008 - virgo-maria.org
Monseigneur,
Monsieur l’abbé,
Je suis un de vos fidèles : je ne fréquente que les chapelles de la FSSPX ou des communautés amies, y compris en vacances. Je mets mes enfants dans les écoles, je ne fréquente que les pèlerinages organisés par elle, j’ai suivi plusieurs retraites de saint Ignace dans vos maisons, etc. En résumé, je ne vois pas ce que je pourrais faire pour être davantage marqué FSSPX.
Et pourtant, je commence à être ulcéré par la phobie anti «sédévacantiste» qui vous anime, et qui commence à prendre des allures pathologiques, en témoigne la récente «mise en garde» de M. l’abbé de Cacqueray.
La FSSPX insiste à temps et à contretemps pour nous dire que Benoît XVI est bien le Pape, légitime successeur de Pierre, à qui nous devons l’obéissance et la soumission tant qu’il ne s’écarte pas de la Tradition, mais à qui nous devons désobéir lorsqu’il s’en écarte.
Quant à contester tout ce qui n’est pas catholique dans les actions et les enseignements de Benoît XVI, d’accord. Mais alors pourquoi refuser tout ce qui ne s’oppose pas à cette Tradition si celui qui le commande est le véritable successeur de Pierre ? Exemple : Même si la nouvelle prière du Vendredi Saint pour les Juifs est en retrait par rapport à la formule ancienne, elle reste catholique. De plus, la formule ancienne ne date que du XVI° siècle, pas de l’antiquité chrétienne. En soi, elle peut donc évoluer. Vous tenez compte de la modification que Jean XXIII a faite au Canon de la messe (le Canon n’avait JAMAIS été touché jusque là !), mais vous refusez la modification d’une prière du XVI° siècle ? Sur quel motif désobéissez-vous donc à celui que vous reconnaissez comme Souverain Pontife ?
Si Pie XII avait ordonné cette réforme (et il en a ordonné qui ne furent pas très heureuses et que vous appliquez !) vous auriez certainement obéi ! Si donc vous reconnaissez Benoît XVI comme Pape, vous devez obéir aux réformes de ce dernier qui ne s’opposent à la Tradition de l’Église. Or (heureusement !) vous ne le faites pas. Votre position est donc « sédévacantiste » dans les actes, et anti « sédévacantiste » dans les paroles. Alors de grâce, cessez de prendre pour des imbéciles les fidèles que nous sommes avec ces anathèmes sous lesquels vous ne parvenez plus à cacher vos contradictions !
Quelle est la réalité ? C’est que vous ne reconnaissez aucune juridiction à Benoît XVI, juridiction qui est précisément ce qui fait qu’un Pape est Pape. Un évêque muni de la juridiction sur l’Église Universelle, sur l’Église catholique, s’appelle un Pape ; un Pape sans juridiction est un simple évêque pour peu qu’il ait été ordonné validement. La réalité est donc que vous ne reconnaissez pas vous-même la juridiction de Benoît XVI, vous-même le considérez de facto comme un anti-pape !
Quant à trancher entre les deux positions en présence sur l’infaillibilité du Pape, l’une la réduisant au Magistère solennel (position de la FSSPX), l’autre l’étendant à tous les actes de son Magistère officiel (position traditionnelle des théologiens anti-libéraux au moment de la promulgation du dogme de l’infaillibilité), il faut convenir que bien rares sont les fidèles qui peuvent trancher cette question.
Tenons-nous en donc à l’infaillibilité du Magistère solennel, défini par 4 circonstances : le Pape doit parler en tant que Souverain Pontife, en matière de foi ou de mœurs, il doit s’adresser à l’Église universelle, et doit obliger les fidèles à accepter son enseignement.
Mais alors, qu’en est-il des actes solennels des « Papes » conciliaires ? Ont-ils été posés par des Papes infaillibles ? Quelques exemples :
o        La promulgation des documents du Concile Vatican II par Paul VI ;
o        La promulgation de la nouvelle messe par le même Paul VI (la liturgie ne peut jamais véhiculer d’erreurs sur la foi) ;
o        La promulgation du nouveau Code de Droit Canon par Jean-Paul II, entérinant par exemple l’inversion des fins du mariage entre autres erreurs ;
o        La canonisation de don Escriva de Balaguer par le même Jean-Paul II, en attendant celle de ce dernier… (cf. un récent article de Fideliter qui reconnaissait être dans l’impasse sur cette question après avoir une fois de plus condamné ce maudit « sédévacantisme » sans l’ombre d’un seul argument !).
Et n’allez pas nous raconter que les Papes post-conciliaires ne pouvaient jouir du charisme de l’infaillibilité parce qu’ils ne croyaient pas à la simple notion de vérité objective. Cela voudrait dire que le Saint-Esprit aurait été incapable d’éclairer celui qu’Il aurait préalablement choisi. Une autre manière de dire qu’il n’y a plus de Pape.
Alors de grâce, parlez-nous le langage de la VÉRITÉ ! N’ayez pas peur de la vérité : n’interdisez pas les questions à l’issue des conférences que vous donnez, prenez quelque recul sur la réalité que nous vivons, et reconsidérez-la à la lumière de la foi plutôt qu’à l’ombre de vos divisions internes, voyez ce qui est dangereux pour la foi plutôt que pour votre propre cohésion, considérez les objections qui se présentent plutôt que de ressasser des condamnations jamais étayées. En résumé, ayez le souci des âmes plutôt que de vos organisations humaines et de votre réputation !
Avec l’assurance de mes prières.
Un de vos fidèles.