15 décembre 2011

[Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX] Un enracinement dans la Révélation divine? - La doctrine de la liberté religieuse à Vatican II

SOURCE  - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - décembre 2011

Par la Déclaration sur la liberté religieuse, le deuxième concile du Vatican entend enseigner la doctrine sacrée concernant « le droit de la personne et des communautés à la liberté sociale et civile en matière religieuse ». C’est pourquoi il « scrute la tradition sacrée et la sainte doctrine de l’Église » (DH 1 § 1). Cependant, la manière de procéder de Dignitatis Humanæ, concernant le rapport entre la liberté religieuse telle qu’elle la définit et la Révélation divine (fondement et critère de l’enseignement de l’Église) est extrêmement curieuse et tout à fait problématique.
La liberté religieuse à la lumière de la Révélation
En effet, la Déclaration commence par un exposé systématique et complet de ce qu’est et doit être, à ses yeux, la liberté religieuse, presque sans aucune référence. Et c’est seulement dans un deuxième chapitre que la Déclaration aborde enfin le sujet brûlant : cette doctrine de la liberté religieuse a-t-elle « ses racines dans la Révélation divine » (DH 9) ?
 
Mais en fait, dans ce chapitre, seuls quatre sous-chapitres, dont trois sont fort courts, abordent au sens propre la question de la liberté religieuse de la personne humaine dans la société civile. De plus, le numéro 9, premier de ces sous-chapitres, n’est qu’un exposé de principe, sans référence.
 
Des arguments pour une partie, jamais pour l’autre Or la lecture de ces trois sous-chapitres amène rapidement à une évidence solaire : si Dignitatis Humanæ trouve, certes, de nombreux fondements bibliques à l’un des pans de sa doctrine de la liberté religieuse, celui pleinement accepté par toute la Tradition, à savoir que l’homme ne doit pas être forcé d’embrasser la vraie foi, en revanche, elle n’apporte tout simplement aucun argument issu de la Révélation en faveur du pan de sa doctrine qui, lui, est franchement nouveau, à savoir que l’homme ne doit jamais être empêché de professer extérieurement une conviction religieuse erronée.
 
On cherche, on scrute, on attend, on revient en arrière, on repart en avant : il n’y a rien, pas l’ombre d’une citation ou d’une référence en faveur de cette doctrine inusitée et inconnue.
Une confidence significative
Et il n’y a rien, tout simplement parce que la Bible ne dit rien de tel. Dans un livre d’entretiens auquel il a participé avant sa mort, le cardinal Yves Congar en a d’ailleurs fait, presque innocemment, l’aveu : « J’ai collaboré aux derniers paragraphes de la Déclaration sur la liberté religieuse. Il s’agissait de montrer que le thème de la liberté religieuse apparaissait déjà dans l’Écriture. Or, il n’y est pas » (Éric Vatré, La droite du Père, La Maisnie-Guy Trédaniel, 1994, p. 118).
 
Telle est, en effet, l’anomalie la plus criante, mais aussi la plus irrémédiable, de la liberté religieuse selon Vatican II, en sa part d’innovation : qu’elle n’a pas d’enracinement dans l’Écriture.