10 novembre 2007





Les traditionalistes sans chapelle fixe
10 novembre 2007 - lunion.presse.fr
Les traditionalistes sans chapelle fixe La communauté catholique traditionnelle d'Amiens se rassemblera autour de son prêtre l'abbé Lorber dimanche matin pour une messe en plein air forcée. A la rue ils espèrent par cette action attirer l'attention et que l'évêché ou la ville leur trouve une solution pour célébrer leur culte.
DIMANCHE matin, la messe traditionnelle sera dite sur la place de la cathédrale. L'abbé Lorber et ses 200 fidèles de la communauté catholique traditionnelle (ceux de Mgr Lefèbvre) se retrouvant à la rue, ont décidé de squatter. Ils seront sans doute rejoints dans leur mouvement par d'autres communautés de France et par des responsables de la Fraternité Saint-Pie X.
Depuis 23 ans, le conseil général mettait à la disposition de la communauté d'Amiens une partie de l'ancien couvent du Bon Pasteur, rue Daire dans le quartier Sainte-Anne. C'est là qu'ils se rassemblaient tous les dimanches pour assister à la messe traditionnelle (en latin accompagnée de chants grégoriens et tournée vers l'autel et non pas vers les fidèles).
Local vendu
Le 5 novembre dernier, ce local a été vendu au conseil régional qui le transformera bientôt en crèche.
Depuis plusieurs mois, la communauté était au courant de l'opération et l'abbé Lorber déclare avoir « multiplié les démarches tous azimuts pour trouver une nouvelle chapelle. Nous nous sommes d'abord adressés à l'évêché où on nous à d'abord réservé un très bon accueil, le vicaire général m'avait même rassuré en me disant qu'on allait trouver une solution. Et puis en septembre, ça a été la reculade. Un courrier a été adressé à mon supérieur, l'abbé de Cacqueray qui est supérieur du district de France de la Fraternité de Saint-Pie X pour annoncer que l'évêché ne mettrait pas d'église à notre disposition. »
Dans une impasse
Pour le prêtre traditionaliste cette situation tout à fait nouvelle est complètement injustifiée.
Selon lui, elle est consécutive à une communication de Benoît XVI, un Motu proprio en date du 7 juillet dernier qui « montrait sa volonté de travailler à une réconciliation interne au sein de l'Église. Le geste d'accueil de Mgr Bouilleret s'inscrirait ainsi dans la ligne de ce désir du Saint Père », écrit le prêtre dans un communiqué qu'il distribuera dimanche.
Pour l'évêque, « c'est une interprétation complètement erronée du Motu proprio qui n'est pas à destination de la communauté traditionnelle. Il n'est pas question de mettre un lieu de culte à la disposition d'une communauté qui ne reconnaît ni l'autorité de l'évêque d'Amiens, ni même celle de l'église romaine à travers celle du pape. Il n'y a pas de solution dans la mesure où cette communauté est complètement séparée de l'Église, c'est un mouvement schismatique. »
« C'est faux », rétorque l'abbé Lorber. « Nous reconnaissons le Concile Vatican II mais nous en interprétons certains passages de façon différente. Nous ne le rejetons en aucun cas en bloc. Il fait partie de la vie de l'Église. Ce que dit Mgr Bouilleret est pire qu'une caricature. C'est faux. Le problème c'est qu'il n'a jamais accepté de rencontrer mon supérieur qui lui a écrit deux fois. La première fois, il a renvoyé une carte, la deuxième il ne lui a même pas répondu. Cet homme ne nous connaît pas ».
Pourtant, Bernard Lorber assure n'avoir « rien de personnel contre qui que ce soit à l'évêché d'Amiens mais bien contre la conférence épiscopale qui a très mal réagi au Motu proprio du pape. Il ne reste donc à la communauté traditionnelle d'Amiens, conclut le prêtre, qu'à implorer la ciel en célébrant la messe en plein air malgré le froid et la pluie.
C'est dans cet esprit que le 11 novembre, la messe sera célébrée sur la place de la cathédrale. Ce sera une demande faite à la fois à Dieu et à l'évêque pour obtenir ce qu'il serait si facile à trouver avec un peu de bienveillance et de charité : un lieu de culte pour les prochains mois, pour une communauté désormais sans domicile fixe. »
Marie Joubert