17 novembre 2006

La messe en latin: faire la différence entre traditionnels et traditionalistes - Mgr Bruguès
17 novembre 2006 - Apic - kipa-apic.ch
Encadré paru en complément de l'article "Berne: La Commission de planification pastorale de la CES (CPP) a fêté ses 40 ans"
La messe en latin: faire la différence entre traditionnels et traditionalistes Les nouvelles concernant une éventuelle généralisation de la messe St Pie V, selon le rite tridentin, ont créé beaucoup d'incertitudes, notamment en France. "Dans mon diocèse, il y a deux sortes de traditionnels, affirme Mgr Bruguès, ceux qui sont restés fidèles à Rome et qui ont suivi le mouvement de l'Eglise avec constamment le désir de pouvoir célébrer selon le rite ancien, selon les textes de 1962. On a ensuite des traditionnels devenus des traditionalistes qui sont en dehors de l'Eglise catholique, lefebvristes ou autres… Sur cette deuxième catégorie, je n'ai aucune espèce de responsabilité ni d'influence". Il y a dans le diocèse d'Angers six ou sept maisons de cette deuxième tendance.
Les traditionnels restés fidèles à Rome avaient reçu du prédécesseur de Mgr Bruguès l'indult, c'est-à-dire la permission de célébrer selon le rite ancien tous les dimanches et les jours de fête dans une chapelle qui venait d'être abandonnée par les religieuses de la Visitation. "Quand je suis arrivé à Angers, venant de Suisse, j'ai pensé qu'il s'agissait de nostalgiques du rite ancien, des gens d'un certain âge. J'ai pensé qu'avec le temps, leur nombre allait se réduire par la force des choses. Quand je leur ai rendu visite, j'ai été surpris de constater qu'il n'y avait presque pas de personnes âgées. Ce groupe relativement important – entre 250 et 300 personnes – était composé pour l'essentiel de jeunes familles qui n'avaient pour la plupart jamais connu le Concile. (…) J'ai demandé à une paroisse ordinaire de pouvoir les accueillir, en leur faisant la place, à la condition que le ou les prêtres concernés célèbrent selon le double rite. Cette décision date d'un an".
Le jeune prêtre qui s'occupe de cette communauté – un ancien de la Fraternité St-Pierre – a accepté de s'incardiner dans le diocèse et de devenir l'aumônier de ce groupe "étant bien entendu qu'il participe à toutes les autres manifestations… il concélèbre, il vient à la messe chrismale, etc." Mgr Bruguès estime que l'opération, malgré une campagne de presse hostile orchestrée au plan national (l'évêque d'Angers fut par ex. accusé de donner une paroisse aux 'tradis'), s'est révélée positive. Même si certains "anciens" de la paroisse d'accueil l'ont quittée pour se rendre dans d'autres paroisses.
"Je me suis toujours opposé à ce que, en dehors de l'eucharistie et des funérailles, les autres sacrements soient célébrés selon le rite ancien", insiste-t-il, en rappelant qu'à l'époque le cardinal Ratzinger à Rome lui avait demandé d'agir ainsi tant que la Commission "Ecclesia Dei" n'avait pas remis ses conclusions. "C'est ce qui s'est passé chez moi. Cela n'a pas été facile, mais je suis heureux de l'avoir fait. Car dans ma communauté de traditionnels, je n'ai pas eu l'ombre d'une revendication quelconque par rapport aux événements récents".
Concernant la reconnaissance par Rome, dans l'archidiocèse de Bordeaux, de l'Institut du Bon Pasteur visant à accueillir des prêtres traditionalistes exclus de la Fraternité saint Pie X, Mgr Bruguès a estimé que c'était là pour le moins "un épisode malheureux" et un "mauvais calcul". "Alors que cela n'avait rien à voir, cela a parasité complètement le débat sur la liturgie qui a suivi".
JB