13 avril 2006

Correspondance Yves Chiron / Luc Perrin
12/13 avril 2006
Lettre d'Yves Chiron à Luc Perrin, suivie des Clarifications de Luc Perrin

Lettre d'Yves Chiron à Luc Perrin, au sujet de son analyse des déclarations de Mgr Ricard

Cher Monsieur,
j'ai lu avec intérêt votre "savoir lire...". Je ne suis pas d'accord avec vous, sur plusieurs points. Il y en a notamment un qui me semble tout à fait erroné.
Quand les évêques de France disent refuser "la mise en place d'une structure juridique...", ils ne font pas allusion à la proposition déjà faite en 2001 à la FSSPX, et toujours en cours, mais aux catholiques ECCLESIA DEI. Les évêques de France refusent la création d'une structure canonique où seraient liés les catholiques ECCLESIA DEI. Ce refus figure à la fin du paragraphe consacré spécifiquement à ces catholiques.
Pour la FSSPX et ses fidèles, dont il est question plus loin dans le document, les évêques de France se disent prêts à "accueillir dans la foi" et à "mettre en œuvre fidèlement" les "directives" que va donner Benoît XVI "dans les semaines ou les mois qui viennent". Que dans ces "directives" figure une proposition d'administration apostolique personnelle ou autre formule canonique, cela semble acquis. Les évêques de France ne peuvent refuser une solution canonique qui concernerait des prêtres installés sur tous les continents.
Je ne nie pas pour autant que nombre d'archevêques et d'évêques de France veuillent freiner autat qu'il leur sera possible la réconciliation. Mais pas tous. Vous savez autant que moi les noms de ceux qui, au contraire, y sont prêts.
Yves Chiron

Clarifications de Luc Perrin

Les remarques d'Yves Chiron appellent une clarification de ma part. La première va de soi : la citation choisie est un exemple parmi d'autres (Zenit, S. de Ravinel...) d'une façon de lire cette déclaration, plus sensible au ton empreint de douceur évangélique qu'au fond qui adresse un message bien différent. Ma lecture visait à comprendre le message, au-delà du style.
Je le remercie d'attirer  l'attention des lecteurs sur un saut implicite de mon analyse et donc une petite erreur pédagogique. Le refus d'une structure canonique propre s'applique, comme il l'indique, aux fidèles Ecclesia Dei. Mais le prétexte invoqué, "distendre" le lien avec l'Église diocésaine, s'appliquerait de la même manière à une FSSPX réconciliée. C'est bien cette structure canonique propre, indépendante mais non sans liens avec les évêques, que le cardinal Castrillon Hoyos a proposé à Mgr Fellay depuis 2001. Rejeter une administration apostolique personnelle aux premiers revient bien à la refuser  aux seconds. A moins d'imaginer qu'il y aurait deux espèces différentes de baptisés traditionalistes et que seules les communautés Ecclesia Dei de France nourriraient la volonté de rompre la communion ecclésiale ... dans laquelle elles vivent parfois depuis 1984/1988.  I. de Gaulmyn (La Croix 10/4/2006)  conclut son commentaire, exclusivement dédié à la FSSPX, sur ce refus épiscopal. Refus qui n'est pas nouveau : dès 1994, les traditionalistes américains pétitionnaient pour obtenir une structure de ce type devant les obstacles mis à l'application du motu proprio Ecclesia Dei, pétition reprise en France par la suite.
Le président de la CEF s'exprime au nom de l'ensemble de l'épiscopat français : le refus et les trois conditions posées sont donc le fait d'une majorité d'évêques. Je souhaite, avec Y. Chiron, voir grandir la minorité des évêques qui ont compris l'atout que représentent les communautés traditionalistes pour l'Église, en France et ailleurs. La présente déclaration démontre qu'il leur reste, et qu'il nous reste, à convaincre l'actuelle majorité d'abandonner ses crispations, de s'ouvrir au dynamisme traditionaliste, jeunesse de l'Église, l'un des visages de l'avenir : Excellences, n'ayez pas peur !
Luc Perrin