10 juin 2008

Communautés face au MP : moteur ou opposition ?
2008-06-10 - Ennemond - leforumcatholique.org
Peut-être est-ce un trait de caractère français, mais pourquoi vouloir soudainement tout opposer ? Si on ne va pas demander l’application d’une messe Motu Proprio, ronronnerait-on inévitablement dans sa chapelle ou dans son école ? Sait-on vraiment – derrière des pseudos – ce que les autres font réellement et discrètement ?
Il y a parfois des états des lieux très pessimistes qui sont proposés sur le forum, comme si, au bout de dix ans, le Motu Proprio constituait un échec, comme si on s’étonnait que toutes les paroisses n’étaient pas devenues tradies. Pour ma part, je trouve qu’en six mois (c'est vrai que le temps du FC est rapide, mais ça ne fait que 6 mois !), le chemin fait est particulièrement étonnant pour le cadre français. Je serais intéressé de connaître l’augmentation du nombre global de personnes se rendant à la messe traditionnelle. Et, dans bien des endroits, loin de vider les lieux de culte de la Fraternité, les messes MP ont contribué à les conforter, les « nouveaux fidèles » sachant qu’ils y trouveraient à coup sûr l’équivalent d’une paroisse personnelle établie, après avoir découvert le nouveau lieu de culte, ou après avoir entendu que la messe n’était pas interdite.
A mon avis, il faut savoir établir un judicieux équilibre. D’une part, réussir à donner raison à cette restauration ecclésiale en favorisant la renaissance de la messe pour le plus grand bien des âmes. D’autre part, savoir maintenir les communautés qui font le travail de fond, le travail doctrinal, qui sont comme une grande sœur car, dans une certaine mesure, éparpiller trop rapidement les braises peut faire éteindre certains foyers. C’est un double tableau qui se présente à nous et il faut s’assurer qu’il y a complémentarité et non opposition. Donc il ne faut pas s’étonner si le gros des fidèles continue à fréquenter les communautés tradies. C’est aussi une nécessité pour le Motu Proprio. Rappelons-nous que Benoît XVI a promu les paroisses personnelles dans ce même texte. Ce n'est pas un hasard.
Sans doute certains évêques ont pu s’imaginer qu’une messe sous son égide viderait à coup sûr la messe de la FSSPX ou de la FSSP du coin. Pas sûr du tout ! Néanmoins, les fidèles qui se lancent dans les « essais » MP doivent être des fondateurs et, à mon avis, ils auraient tort de s’éloigner totalement des communautés qui restent la base et le moteur de tout leur apostolat. J’en connais qui savent trouver cet équilibre. Mais le don n’est pas donné à tout le monde. A l’inverse, un fidèle qui se dirait : « Ca y est, la restauration est faite, maintenant on est bien dans le diocèse, il faut jouer la carte de la paroisse », se tromperait car il s’imaginerait que les diocèses de France sont guéris – ce qui est hélas fort éloigné de la réalité. La doctrine de fond reste à restaurer. Il y a tant de pain sur la planche ! Mais qui s’en plaindrait ? Donc, ces fidèles qui posent les jalons de nouveaux lieux de messe ont un devoir à former les autres (y compris, parfois le prêtre) qui arrivent pour la première fois pour découvrir cette messe.
Ensuite, la foi nous enseigne à avoir confiance dans la sainte messe. Rappelons-nous ce que nous proposons. C’est cette messe qui a nourri toute cette résistance catholique. Même l’évêque le plus récalcitrant – si, si, c’est un homme, lui aussi – peut être touché par elle. Tous ces prêtres qui se disaient hostiles vont voir, dans les paroisses, cette messe qui attire bien des gens. Ils vont entrer dans ce que l’on pourrait appeler le cercle vertueux de la messe traditionnelle. Je reprends volontairement un récent propos de Mgr Fellay pour l’illustrer : « La messe traditionnelle […] irradie l’Esprit catholique. Le rite de Saint Pie V implique une cohérence incomparable de foi et de morale. Pour qui y assiste sérieusement, il est bien vite manifeste que cette messe est une exigence de foi, une foi qu’elle nourrit vigoureusement. »