17 juillet 2008

A 55 jours de la venue du Pape à Paris, existe-t-il une menace sur l'avenir de Notre-Dame-du-Lys (Paris 15ème) ?
17 juillet 2008 - lettre 121 de paixliturgique.com
Il y a environ un an, l’archevêché de Paris envisageait de supprimer la célébration de la forme extraordinaire du rite romain à Notre-Dame-du-Lys (7 rue Blomet, Paris 15ème) qui avait été mise en place dès 1988 à la demande et avec le soutien d'un très grand nombre de familles du 15ème arrondissement.
Nous nous étions fait l’écho de cette tentative de suppression dans notre lettre Paix Liturgique n° 67 en date du 23 octobre 2007 (consultable sur notre site (http://www.paixliturgique.com) où nous avions publié la note que le père Philippe Marsset, curé de Saint-Pierre de Montrouge (Paris 14ème) avait adressé le 14 septembre 2007 à ses paroissiens à l’occasion de l’entrée en vigueur du Motu Proprio Summorum Pontificum où il annonçait que la célébration de la messe traditionnelle à Notre-Dame-du-Lys était « remplacée depuis ce jour par Saint-Germain-l’Auxerrois ».
Les nombreuses réactions de familles n'avaient alors pas permis cette suppression, et la célébration à 11 h 15 d'une messe selon la forme extraordinaire dans la Chapelle de Notre-Dame-du-Lys avait été maintenue, nonobstant l’adjonction de la nouvelle célébration de Saint-Germain-l’Auxerrois (Paris 1er).
Aujourd’hui, il semble que cette célébration de Notre-Dame-du-Lys est à nouveau menacée et qu’absolument rien n’est garanti pour les nombreux fidèles du 15ème arrondissement de Paris, habitués de Notre Dame du Lys, pour la rentrée prochaine.
En effet, à ce jour, rien ne filtre sur la division de la société des Pères de Saint Vincent de Paul (religieux qui desservaient jusqu'alors Notre-Dame-du-Lys) et sur le fait que le Père Laurent, célébrant habituel de la messe traditionnelle dans cette chapelle, n’a pas choisi la même voie que ses confrères qui conservent le contrôle de la Congrégation. A ce jour, on ne sait même pas si les Pères de Saint Vincent de Paul vont rester à Notre-Dame-du-Lys alors même que ces locaux n'appartiennent pas à cette congrégation ?
Quel sera à la rentrée de septembre le statut du Père Laurent ?
Pourra-t-il seulement rester à Notre-Dame-du-Lys ?
Dans le cas d'une réponse négative, qui alors célébrera la messe traditionnelle à Notre-Dame-du-Lys ?
On comprend mal tout le secret qui pèse sur cette affaire, on comprend mal l’absence totale de concertation et de dialogue avec les fidèles. Ce qui se passe à Notre-Dame-du-Lys les concerne pourtant directement et l'on parle du mois de septembre prochain (dans moins de 2 mois !) pour un possible arrêt de la célébration de cette messe.
La raison de ces "secrets" est peut-être à chercher ailleurs…
Le flou est total pour l'heure et l'on dit que les murs de la chapelle de la rue Blomet étant indirectemt la propriété du diocèse, la division de la Congrégation des Pères de Saint Vincent de Paul serait l'occasion rêvée que l'archevêché attendait pour reprendre la direction de cette chapelle et d'en exclure définitivement le groupe des familles attachées à la forme extraordinaire du rite romain.
Certes, « on » explique, que le Père Patrick Chauvet, nouveau curé de l’église Saint-François-Xavier (Paris 7ème) pourrait « récupérer » les demandes qui s’expriment en vain depuis le mois de septembre 2007 dans les paroisses du 7ème arrondissement et que du coup, une célébration de la forme extraordinaire du rite romain à Saint-François-Xavier, sous le rigoureux contrôle de l'évêché, pourrait remplacer celle de Notre-Dame-du-Lys, au prétexte... qu'il n'y aurait plus à Notre-Dame-du-Lys de prêtres pour y célébrer la messe traditionnelle... ou que Notre-Dame-du-Lys aurait été donnée à une autre communauté.
Nous le disons tout net. Si une célébration supplémentaire à Saint-François-Xavier serait une excellente décision, dans le cadre du Motu Proprio Summorum Pontificum, pour les fidèles du 7ème arrondissement, et surtout pour les paroissiens de Saint-François-Xavier, à aucun moment et en aucune manière, il ne serait acceptable de supprimer une messe qui existe depuis de nombreuses années et qui répond aux attentes d'un vrai groupe stable et enraciné. Il existe en effet un groupe local, stable et paisible depuis de nombreuses années à Notre-Dame-du-Lys qu'il serait inenvisageable de déporter ou de délocaliser telle une vulgaire marchandise.
Et si réellement à la rentrée il n'y avait plus de Pères de Saint Vincent de Paul à Notre-Dame-du-Lys, ne serait-ce pas là une excellente occasion pour confier aux prêtres de l'Institut du Bon Pasteur, déjà présents à Paris, idoines et disponibles, une véritable chapelle à Paris ? Le Motu Proprio, s'il fait de la paroisse le cadre normal d'application du Motu Proprio, prévoit également la possibilité d'ériger des paroisses personnelles. Lorsque l'on sait que contre toute charité, ces prêtres en parfaite situation canonique, sont contraints de célébrer la messe pour plusieurs centaines de fidèles dans des locaux trop petits et totalement inadaptés (Centre Saint-Paul - 12 rue Saint Joseph - Paris 2ème. Messes dimanches et fêtes : 9 h, 10 h, 11 h (chantée), 12 h 30 (Messe brève), et 19 h), on ne peut qu'approuver l'idée de l'attribution d'une paroisse personnelle à cette Communauté.
Certes, ce n'est pas le schéma que Monseigneur Vingt-Trois souhaite pour Paris, mais est-il crédible de bloquer l'application paroissiale du Motu Proprio et de refuser également l'érection de paroisses personnelles tout en se disant soucieux d'appliquer le Motu Proprio seulement au niveau des paroisses?
Hier, on demandait aux fidèles de Notre-Dame-du-Lys d’aller à Saint-Germain-l'Auxerrois, aujourd’hui, on leur demanderait d’aller à Saint-François-Xavier. Et demain où devraient-ils aller ? Les fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain n’ont pas une vocation de nomades. Ils ont droit à autant de respect que n’importe quels autres fidèles. La pitoyable « gestion » du dossier des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l'abbé Aybram dans le diocèse de Nanterre, déplacés sans charité de Nanterre à Saint-Cloud, a illustré le fait que la déportation d’une communauté sans concertation avec les fidèles d’un lieu à un autre, n'avait pas d'autres objectifs que celui de tenter de "casser" la communauté et sa dynamique. Cette expérience a également démontré de manière évidente que les fidèles qui pratiquaient dans un lieu ne sont pas les mêmes que ceux qui pratiquent dans l’autre tout simplement parce qu'une célébration donnée répond à un besoin local donné.

N'est-ce pas aujourd'hui l'objectif de l'archevêché de Paris que de casser la dynamique de Notre-Dame-du-Lys ? Compte tenu des secrets et de l'absence totale de transparence, la question mérite d'être posée.
Il est plus que temps que l’archevêché de Paris prenne la juste mesure du Motu Proprio Summorum Pontificum, comprenne qu’Ecclesia Dei et ses réserves indiennes relève du passé et ne peut servir de norme d'application de Summorum Pontificum - même si les lieux de culte confiés aux communautés Ecclesia Dei, que nous souhaitons de plus en plus nombreux, auront la mission de devenir des pôles de référence au milieu des plus nombreuses messes traditionnelles célébrées dans le cadre paroissial- et gère sérieusement et chrétiennement les demandes qui sont faites au sein des paroisses pour que soit appliqué le Motu Proprio.
A quelques jours de la venue du Pape à Paris, la suppression de la célébration de la liturgie traditionnelle à Notre-Dame-du-Lys apparaîtrait comme une véritable provocation et un affront à la volonté du Saint Père de faire coexister au sein des paroisses les deux formes liturgiques de l’unique rite romain.
Les fidèles ne peuvent plus accepter le chantage visant à proposer un nouveau lieu de culte « en échange » de la suppression d’un autre lieu de culte. Cette gestion anachronique n’est pas conforme à ce que souhaitent le Pape et les familles attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise. Ce qu'il souhaitent, c'est de pouvoir vivre leur foi catholique au rythme de la forme extraordinaire du rite romain dans toutes les paroisses ou ils en font significativement la demande… ou au moins dans une ou deux paroisses, choisis dans la concertation par doyenné…

Chacun sait que la demande de célébrations de la forme extraordinaire du rite romain est très largement insatisfaite à ce jour à Paris. Faisons dès lors en sorte que la réflexion faite il y a quelques semaines par le Père Chauvet, lors d’un un dialogue informel avec des représentants de groupes de demandeurs parisiens, un certain nombre de prêtres et un représentant du nonce à Paris, selon laquelle « l’on pouvait raisonnablement penser qu’à moyen terme, la forme extraordinaire du rite romain pourrait être célébrée dans toutes les grandes églises de Paris » devienne rapidement réalité.
Dès septembre prochain ?
Sylvie Mimpontel
Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église