22 septembre 2011

[Ennemond - Fecit] Ces catholiques invisibles qui partent sur la pointe des pieds…

SOURCE - Ennemond - Fecit - 22 septembre 2011

Depuis quelques années, à mesure que le pape Benoît XVI tente d’amorcer une restauration en faveur de l’ancienne liturgie ou de donner aux traditionalistes une place autrement plus charitable que celle qu’on leur a concédée jusque là, on entend parler de catholiques qui partiraient sur la pointe des pieds, à l’autre bout de l’échiquier…

Des « catholiques partent sur la pointe des pieds et sans claquer la porte » affirme Nicolas Senèze de La Croix. Ils sont « incompris ou exclus, ont quitté l’Eglise sur la pointe des pieds » renchérit René Poujol dans Pèlerin. Les ont-ils vus ces catholiques si longtemps choyés et courtisés par le clergé français ? Hélas, non, pratiquant quand bon leur semble, ils se sont éloignés depuis déjà longtemps. Au sein des églises d’aujourd’hui, leurs pas sont tellement silencieux qu’on se demande s’ils les fréquentent. Bizarrement, leurs porte-paroles des journaux ex-chrétiens ne semblent quant à eux jamais faiblir...

Un mois avant le Motu Proprio libérant la messe traditionnelle, un évêque de France m’expliquait très sérieusement que, si le pape autorisait tous les prêtres à célébrer selon les anciens livres, environ la moitié de ses confrères français remettraient leur démission au pape… Le souverain pontife a publié Summorum Pontificum, il a supprimé l’excommunication s’abattant sur les dignitaires de la Fraternité Saint-Pie X et tous les évêques de France sont restés résolument assis sur leurs sièges épiscopaux. Pas un seul n’est parti. Pas un curé n’a bougé. Aussi, ces fameux «départs sur la pointe des pieds» apparaissent bien plutôt comme un bon vieil épouvantail agité par quelques journalistes vieillissants en mal d’une preuve plus démonstrative…

On pourrait à l’inverse citer tous ces hommes et ces femmes qui ont été refoulés de leurs églises quand on leur a imposé les nouvelles pastorales. Il ne s’agit pas d’un mythe. Que les lecteurs lisent la Blessure de Jean-Pierre Dickès et ils verront que, dès les années 1960-1970, on a brisé des vocations pour des raisons purement dérisoires et idéologiques.

Non, ces hommes et ces femmes qui ont déserté les sanctuaires depuis un demi-siècle ne quittent pas l’Église parce qu’on leur dit que Benoît XVI est trop conservateur, ils abandonnent le chemin de l’autel car depuis quarante ans, on a évacué toute la dimension eschatologique de la religion ; on a, dans leurs esprits, fermé les portes de l’enfer et évacué le péché. On a détruit les confessionnaux car tous étaient déjà pardonnés. Si donc tout le monde est sauvé, pourquoi s’ennuyer à des messes le dimanche matin ? Si l’Église ne sert qu’à réchauffer les cœurs, nos contemporains s’aperçoivent bien qu’ils ont une multitude de moyens à leur portée pour trouver réjouissance et réconfort : restaurant, cinéma, vacances, télé, sport…

Si l’Église n’a que des visées sociales telles que défendre les droits des pauvres, s’opposer au réchauffement de la planète, appliquer une plus grande égalité, il y a autour de nous des ONG bien mieux organisées, beaucoup plus fortunées qui parviennent à faire un travail efficace en recourant à des hommes formés qui n’ont nul besoin de s’imposer un célibat sacerdotal pour de telles causes.

L’Église sert à sauver les âmes. Redisons-le et les catholiques reparaîtront.