30 mai 2011

[crc-resurrection.org - Frère Bruno Bonnet-Eymard] Adhuc sub judice lis est

SOURCE - crc-resurrection.org - Frère Bruno Bonnet-Eymard - Mai 2011

Si le défunt pape Jean-Paul II est vraiment “ bienheureux ”, nous sommes, nous, gens de Contre-Réforme, les plus malheureux des hommes, parce que nous avons suivi un prêtre qui l’accusait d’hérésie, de schisme et de scandale. Mais si l’abbé de Nantes avait raison, Jean-Paul II n’est pas bienheureux. Non seulement la béatification de dimanche dernier est mensongère, mais elle aggrave le “ scandale ” que ce Pape a donné de son vivant, puisqu’elle incite les fidèles catholiques à suivre son exemple.

Or, l’abbé de Nantes avait raison. Benoît XVI nous en offre lui-même une preuve dans son livre, Jésus de Nazareth, tome II, au chapitre du “ Procès de Jésus ”, pages 211 à 229, sous-titrées : Jésus devant Pilate. Lui qui loue « la profondeur spirituelle et la richesse des intuitions » de son prédécesseur (Homélie de la béatification), il ne fait aucune allusion à l’interprétation wojtylienne du dialogue de Jésus avec Pilate ! Il suffit de relire les première pages du Livre d’accusation rédigé par l’abbé de Nantes en 1983, et remis au Saint-Siège le 13 mai par lui-même, accompagné de deux cents délégués de la Ligue de Contre-Réforme catholique, pour comprendre la raison de ce silence singulièrement révélateur et accablant :

« Il faut vous dire en face, Très Saint-Père, que votre religion n’est plus celle de l’Église catholique romaine, l’unique Église du Christ, dont vous êtes la Tête. Votre religion est la religion de l’homme qui se fait dieu et non plus la religion du Dieu Fils de Dieu qui s’est fait homme. Car l’une et l’autre s’excluent. Il faut que quelqu’un se lève dans l’Église et ose vous le dire ouvertement, publiquement, sans aucun ménagement ni aucune hésitation parce que c’est la vérité révélée dont dépendent nos biens suprêmes : notre fin ultime, l’honneur de l’Église et la crédibilité future de son magistère infaillible, le salut de nos âmes, le repos de nos consciences en rébellion contre votre enseignement. Enfin, Très Saint Père, votre propre salut, si toutefois votre âme daigne tirer profit de cette remontrance. Car nul ne peut des enfants de l’Église, à plus forte raison de ses pasteurs, de ses Pasteurs suprêmes, être sauvé s’il n’a la très pure, loyale et entière foi catholique.

« Car vous n’êtes plus catholique, vous n’êtes plus chrétien c’est tout un, quoique vous demeuriez de nom et de fait le Souverain Pontife de cette Église dont vous refusez profondément, intellectuellement et volontairement, la foi et l’unité. Certes, vous êtes l’idole des foules. En partie, par les puissances maîtresses de l’opinion que détiennent dans leur ensemble les pires ennemis de l’Église et les perfides modernistes dont vous êtes le protecteur et le complice ; ces gens vous épargnent parce qu’ils vous dominent et vous tiennent à leur merci. En partie, vous régnez sur les foules catholiques ou croyantes parce que vous donnez le change et mêlez à votre humanisme plat beaucoup de discours apparemment chrétiens et de grandes manifestations de piété. Il est certain aussi que nos évêques et de nombreux prêtres venus des rangs de l’Action catholique sont gangrenés de modernisme et de progressisme depuis un quart, et même un demi-siècle en maints pays dont le vôtre et le mien. Au reste, la crédulité des fidèles est infinie quand ils écoutent le Pape, ce qu’on ne saurait leur trop reprocher.

« Ai-je un fait, un texte qui étaie pareilles accusations ? J’en ai cinq cents, Très Saint Père. Et je n’en donnerai en hors-d’œuvre qu’un seul sur lequel je suis prêt à engager toute ma foi, toute ma vie. Sur lequel pourrait se juger toute la cause. C’est l’un de vos thèmes courants. Celui de la Royauté de Jésus-Christ, royauté qui n’est pas celle d’un Dieu fait homme, mais, pour Vous ! celle de l’Homme que vous proclamez dieu [...].

« Vous avez traité de la Royauté de Notre-Seigneur en maint endroit et toujours de manière convergente. Je suivrai ici de près et citerai intégralement celui de votre Dialogue avec André Frossard, N’ayez pas peur, dont la partie qui vous est attribuée a été, de fait, écrite, revue et soigneusement mise au point par vous avant sa publication en 1982. Ce livre n’a donné lieu qu’à des recensions flatteuses dans tout l’univers, à ma connaissance du moins. C’est bien votre pensée qu’il exprime. Vous l’avez voulu une révélation, ou plutôt une communication à toute l’Église de votre expérience religieuse personnelle. Vous y avez engagé votre foi.

« Or voici ce qu’on y lit aux pages 222 à 227 que j’incrimine. Votre interlocuteur vous pose la question : “ Peut-on tirer une politique et, au besoin, des institutions sociales de l’Évangile ? ” Pour y répondre, vous évoquez “ le dialogue du Christ et de Pilate ” :

« “ Jésus de Nazareth, accusé de vouloir se faire roi, répond tout d’abord négativement à son juge : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient pour que je ne sois pas livré à ceux qui me poursuivent [le texte sacré dit : “ aux Juifs ”]. Mais mon royaume n’est pas d’ici. ” Pilate observe à juste titre qu’une affirmation est incluse dans cette dénégation. Il demande donc pour la deuxième fois : Ainsi, tu es roi ? Alors le Christ répond par l’affirmative : Oui, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. ”

« Là-dessus, vous passez de l’Évangile de Jésus-Christ au concile Vatican II. Vous sautez par-dessus les siècles, indifférent à l’anachronisme violent, vous sautez du christianisme séculaire à l’humanisme moderne. Et vous affirmez le lien de ceci à cela... “ transparent ” ! Faut-il se cabrer et déjà cesser de vous croire ? Frossard préfère suivre le conseil de Pascal : prendre de l’eau bénite et s’abêtir, là, tout de suite ! pour conserver son papisme de base. Poursuivons donc avec lui notre lecture :

« “ Je pense que le chemin est transparent de ces paroles à celles de Gaudium et Spes : L’Église qui en raison de sa charge et de sa compétence ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système [tout cela, on l’accorde facilement mais c’est le vrai qui nous dispose à avaler le faux] est à la fois le signe et la sauvegarde du caractère transcendant de la personne humaine [voilà bien le faux auquel, sans cri d’alarme, nous succombons]. Le champ d’application de ces deux déclarations, l’une du Christ face à Pilate, l’autre de l’Église en 1965, n’est pas tout à fait le même. ”

« C’est trop peu dire ! Il n’est pas du tout le même. Il n’y a aucun lien logique, aucun rapport ontologique entre la Parole divine du Christ et la confuse déclaration conciliaire. Les rapprocher, en usant de l’immense prestige et autorité de votre Personne, est une “ violence institutionnelle ”, comme on dit aujourd’hui, ou encore une “ aliénation ” et de la pire espèce, une aliénation mentale de l’esclave soumis au caprice de son Maître. Mais vous savez ce que vous voulez : diviniser le Concile dans ses propositions les plus hardiment humanistes et révolutionnaires, humaniser Jésus-Christ jusque dans ses paroles et ses actes les plus évidemment divins. Pour ce faire, vous procédez par étapes. »

LE CHRISTIANISME N’EST PAS UNE POLITIQUE

« “ Le Concile constate que l’Église en tant que communauté n’a pas de caractère politique, n’est pas un État. Devant Pilate, le Christ nie que son pouvoir soit politique. Cependant, bien que les champs d’application ne se recouvrent pas, ils se touchent de près. Le pouvoir politique revient aux communautés politiques [c’est du moins la thèse démocratique, et communiste ; pour les peuples civilisés de jadis et pour l’Église de toujours, le pouvoir appartient, par délégation divine, aux personnes constituées en autorité] ; l’Église, communauté instaurée par le Christ, n’aspire pas à un tel pouvoir. Elle n’est liée à aucun système, dit le Concile. En ce sens précis, la politique ne répond pas à sa nature, à ses principes, à sa finalité. Le royaume qui se réalise en elle n’est pas d’ici.

« “ Une Église qui s’identifierait à l’État cesserait d’être elle-même. Elle cesserait d’être Église. L’expérience de deux mille ans a confirmé que cette frontière spirituelle n’a jamais et nulle part été franchie. Malgré différentes formes de dépendance de l’Église à l’égard de l’État, ou de l’État à l’égard de l’Église, malgré l’existence des États pontificaux, l’Église est toujours restée l’Église. La délimitation établie par le Christ s’est révélée plus forte que toutes les épreuves de l’histoire. ”

« Cette distinction, cette séparation, cette opposition égale et réciproque de l’Église et de l’État, de la religion et de la politique, paraîtra forcée à plusieurs, aussi bien dans la “ thèse ” que dans l’ “ hypothèse ”, dans la théorie que dans la pratique. On lui opposera la doctrine constante de l’Église et les nombreuses formules d’entente et de coopération des deux pouvoirs, des “ deux glaives ”, qu’elle a instituées à travers les âges pour le plus grand bien de la Chrétienté.

« Pour dire vrai, vos affirmations vont contre la doctrine catholique traditionnelle et quand vous prétendez aligner l’histoire de l’Église sur vos théories, les faits les démentent trop évidemment [...]. »

LE CHRISTIANISME EST UN HUMANISME

« En effet, vous entrez dans la deuxième étape de votre démonstration. Le rôle du Christ et de l’Église n’est pas politique. Quel est-il donc ? Hé ! celui que Jésus déclare à Pilate, celui que le concile Vatican II déclare au monde moderne, car vous vous en portez garant, leurs langages à l’un et à l’autre concordent :

« “ Revenons, dites-vous, à notre parallèle. La deuxième partie de la réponse à Pilate et la déclaration du Concile semblent s’accorder plus étroitement : rendre témoignage à la vérité et sauvegarder le caractère transcendant de la personne, c’est tout un. ”

« Vous le suggérez d’abord : “ il semble ”. Puis vous l’imposez comme une évidence : “ c’est tout un ”. Ainsi conduisez-vous vos dociles lecteurs, en pleine aliénation mentale ! de la vérité dont témoigne le fils de Dieu et pour laquelle il va mourir, son Évangile de salut, à l’erreur absurde et sulfureuse que ce Concile de malheur emprunta à la rhétorique des pires ennemis de Dieu, des antichrists de notre âge, qui font de l’homme un dieu. Entre ceci et cela, “ entre le Christ et Bélial ” (2 Co 6, 15), quel rapport ? Aucun. Et vous, vous donnez comme acquise l’identité de la divine Révélation avec ce dévoilement de Satan.

« “ Le caractère transcendant de la personne humaine ” est donc une vérité ! une vérité évangélique ! pour laquelle les chrétiens rendent témoignage et souffrent persécution depuis des siècles ? Bien plus, c’est, à vous lire et relire, la vérité totale, l’unique vérité pour laquelle le Christ est mort en croix !

« Vous condescendez à esquisser un semblant de preuve : “ Car l’homme exprime et réalise la transcendance qui lui est propre par sa relation à la vérité. ” Cet alignement de mots est un pont suspendu, pont de rêve, chaîne de concepts idéalistes, passant du christianisme catholique à l’humanisme athée contemporain, ou équivalemment : de l’Évangile du Christ à votre humanisme séculier.

« La vérité pour laquelle est mort Notre-Seigneur Jésus-Christ concerne Dieu son Père et Lui-même, dans son unique, sacrée, inviolable et inaccessible Sainteté, autrement dit sa “ transcendance ” de Fils de Dieu, unique Roi de l’univers et Sauveur de son peuple.

« L’erreur que vous prétendez lui identifier, que dis-je, lui substituer ! consiste, sous le concept kantien de “ transcendance ”, à proclamer que l’homme est au-delà de tout, sans proportion et donc sans relations autres que souveraines, avec les êtres qui sont de ce monde-ci. Ainsi arrachez-vous de la tête, des épaules, de la droite de Jésus-Christ, sa couronne, son manteau, son sceptre et sa main de justice, attributs et insignes de sa royauté, pour en vêtir l’Homme. “ Cette transcendance de la personne humaine, dites-vous comme une chose allant de soi, manifeste sa royauté. Il s’agit ici d’une vérité universelle, concernant chaque homme et par conséquent tous les hommes. ”

« Autant de mots, autant d’incongruités. “ La relation de l’homme à la vérité... ”, qu’est-ce que cela veut dire ? Rien de clair assurément... “ exprime la transcendance qui lui est propre... ”, par rapport à qui et à quoi ? aux choses, aux animaux, aux groupes sociaux, aux pouvoirs politiques,... au pouvoir ecclésiastique ? On ne sait ! “ ... et la réalise. ” Mais comment peut-on et doit-on réaliser ce qu’on possède déjà ? Comment ne l’étant pas d’abord, pourrait-on se faire soi-même transcendant ?

« Enfin, dites-vous, “ cette transcendance manifeste sa royauté ”, la royauté de l’homme, de tout homme. Mais est-ce une royauté de naissance ou de conquête ? Avant même d’avoir réalisé sa transcendance ou seulement après ? Royauté sur qui et sur quoi ? politique, éthique, métaphysique, religieuse ? Chacun est roi, et tous le sont ? Étant transcendant, chaque homme est dieu, et donc est roi, voilà un évangile certes flatteur. Chacun est-il pape aussi ? Tout cela est absurde. Et d’un coup, cela devient monstrueux. »

UN HUMANISME ET NON UNE RELIGION

« C’est alors, Très Saint Père, que vous proférez le blasphème que voici : “ Le Christ est roi en ce sens qu’en lui, dans son témoignage rendu à la vérité, se manifeste la royauté de chaque être humain, expression du caractère transcendant de la personne. C’est cela l’héritage propre de l’Église. ”

« Ce blasphème est le point culminant de votre discours. Sacrilège, il dépossède Dieu de sa royauté pour la conférer à l’Homme, à cette idole que tout homme, tous les hommes de notre temps sont invités à adorer, honorer, choyer et servir en eux-mêmes, en lieu et place de l’Homme-Dieu, Jésus-Christ.

« Bien plus, vous faites de Notre-Seigneur le héraut de cet humanisme idolâtre, le martyr de cette cause entre toutes impie de la dignité, de la royauté, de la transcendance de l’homme. Et voici que vous faites l’Église héritière de cette mission ! Prêcher la royauté de l’Homme, pratiquer le culte de l’Homme, servir jusqu’à en mourir l’Homme, roi transcendant. En lieu et place de Dieu, de Dieu seul !

« On ne dira pas que je vous ai mal compris quand toute cette retraite que vous prêchâtes devant Paul VI en 1976, publiée sous le titre Le Signe de contradiction, a pour ressort principal cette substitution de l’homme à Dieu par le truchement de Jésus-Christ. Je dis bien : Vous servant de la dualité des natures dans l’unique Personne du Jésus de notre foi catholique, pratiquant la plus étrange “ communication des idiomes ” qui se soit jamais faite, vous dévoluez les attributs de la nature divine à la nature humaine dans le Christ, pour ensuite nous persuader qu’ils lui appartiennent en propre, et donc à tout homme ! Odieux larcin qui réédite celui que proposait au premier homme, Satan ! »

Si, dans son ouvrage, le pape Benoît XVI ne fait aucune allusion à cette interprétation aberrante du dialogue de Jésus avec Pilate, c’est sans doute que l’abbé de Nantes n’est pas le seul à la juger indéfendable !

Karol Wojtyla n’aurait-il erré que sur ce point, cela aurait dû suffire à empêcher sa béatification !

En 1993, dans les jours qui ont suivi notre troisième démarche romaine, contre le CEC cette fois, j’avais rencontré Mgr Sandri, alors assesseur à la secrétairerie d’État, mandaté par Mgr Re, substitut, pour me recevoir. Je devais tenter d’obtenir l’ouverture d’un procès :

« Si nous faisons ce que vous demandez, me répondit Mgr Sandri, avec aménité, cela voudrait dire que tout cela a un fundus veritatis, un fond de vérité. Si nous commencions à examiner, cela voudrait déjà dire que vous avez raison. Nous ne pouvons le faire. » Quel aveu !

On ne nous a donc pas écoutés. Il n’y a pas eu de procès. Mais le fundus veritatis est bien là puisque les cardinaux Sodano et Sandri ont refusé de déposer devant la congrégation de la cause des Saints pour ne pas rendre publique leur désapprobation de la précipitation avec laquelle a été menée la procédure de béatification de Jean-Paul II. Ils estiment qu’il est indispensable de procéder à un long inventaire dépassionné de son pontificat, avant de songer à béatifier un Pape. Même s’il s’appelle Jean-Paul II...

Qui ne leur donnerait raison ?

En tout cas, l’homélie de Benoît XVI ne les a certainement pas fait changer d’avis, même s’il a paru répondre point par point aux accusations de l’abbé de Nantes.

SUR LA FOI

« Jean-Paul II est bienheureux pour sa foi, forte et généreuse, apostolique. » Benoît XVI n’en donne d’autre preuve que la profession... de saint Pierre à Césarée, et la réponse que lui fait le Seigneur ! « La béatitude éternelle de Jean-Paul II, qu’aujourd’hui l’Église a la joie de proclamer, réside entièrement dans ces paroles du Christ : Tu es heureux, Simon ”... »

À condition que Jean-Paul II ait été fidèle à la foi de l’Église reçue de Pierre ! C’est tout l’objet du procès, ouvert et instruit à Rome dès 1968, au lendemain du Concile, et qui n’a jamais abouti à un jugement. Or, c’est du Concile que Jean-Paul II se réclame. En citant longuement son testament, Benoît XVI dévoile le but de cette béatification : conférer quelque autorité usurpée au concile Vatican II.

« En tant qu’évêque qui a participé à l’événement conciliaire du premier au dernier jour, je désire confier ce grand patrimoine à tous ceux qui sont et qui seront appelés à le réaliser à l’avenir. Pour ma part, je rends grâce au Pasteur éternel qui m’a permis de servir cette très grande cause au cours de toutes les années de mon pontificat. »

« Et quelle est cette cause  ? interroge le pape Benoît XVI. Celle-là même que Jean-Paul II a formulée au cours de sa première Messe solennelle sur la place Saint-Pierre, par ces paroles mémorables : N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! ” »

« Ce que le Pape nouvellement élu demandait à tous, affirme Benoît XVI, il l’a fait lui-même le premier : il a ouvert au Christ la société, la culture, les systèmes politiques et économiques, en inversant avec une force de géant – force qui lui venait de Dieu – une tendance qui pouvait sembler irréversible. »

C’est Benoît XVI qui “ inverse ” tout, car le programme donné au Concile par Jean XXIII fut, au contraire, “ l’ouverture ” de l’Église « au monde ». Et Jean-Paul II a tellement peu « ouvert au Christ la société », que Benoît XVI ne cesse de gémir sur la « sécularisation » apparemment « irréversible » de cette dernière.

SUR L’ESPÉRANCE

« Le Christ est le Rédempteur de l’homme » du seul fait de son Incarnation : « Car, par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. » (encyclique “ Redemptor hominis ”, n° 8)

C’est précisément l’objet du litige soulevé par l’abbé de Nantes. Car, à la rédemption de l’homme, le Christ a mis des conditions, qui ne consistent pas seulement à “ ne pas avoir peur ”. Notre-Dame l’a montré à Fatima le 13 juillet 1917 à Lucie, François et Jacinthe :

« Nous vîmes comme un océan de feu. Plongés dans ce feu nous voyions les démons et les âmes des damnés.

« Celles-ci étaient comme des braises transparentes, noires ou bronzées, ayant formes humaines. Elles flottaient dans cet incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d’elles-mêmes, avec des nuages de fumée. Elles retombaient de tous côtés, comme les étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. C’est à la vue de ce spectacle que j’ai dû pousser ce cri : “ Aïe ! ” que l’on dit avoir entendu de moi. Les démons se distinguaient des âmes des damnés par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme de noirs charbons embrasés.

« Cette vision ne dura qu’un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui, à la première apparition, nous avait promis de nous emmener au Ciel. Sans quoi, je crois que nous serions morts d’épouvante et de peur. »

Mais Jean-Paul II a délibérément tourné le dos à Notre-Dame de Fatima : « Karol Wojtyla est monté sur le siège de Pierre, apportant avec lui sa profonde réflexion sur la confrontation, centrée sur l’homme, entre le marxisme et le christianisme. »

C’est dire qu’il est resté sourd à la volonté de Dieu qui est, pour sauver les âmes de l’enfer, d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie par la pratique des premiers samedis du mois, et par la consécration de la Russie à ce Cœur Immaculé.

« Son message a été celui-ci : l’homme est le chemin de l’Église, et Christ est le chemin de l’homme. » Est-il possible d’imaginer un « message » plus contraire à celui que Notre-Dame a confié à Lucie, mais pour le faire passer à tous les enfants de Marie :

« Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu » ?

SUR LA CHARITÉ

Dans son homélie, Benoît XVI a rappelé la devise de Karol Wojtyla : « “ Totus tuus ”, qui correspond à la célèbre expression de saint Louis Marie Grignion de Montfort, en laquelle Karol Wojtyla a trouvé un principe fondamental pour sa vie : Totus tuus ego sum. Je suis tout à toi. Donnes-moi ton cœur, ô Marie. ” »

Que ne cite-t-il la Prière Embrasée ? « Quand sera-ce que viendra ce déluge de feu du pur amour, que vous devez allumer sur toute la terre d’une manière si douce et si véhémente, que toutes les nations, les Turcs, les idolâtres, les Juifs même en brûleront et se convertiront ? Il n’y a personne qui se dérobe à sa chaleur. ” (Ps 18, 7)

« Que ce divin feu, que Jésus-Christ est venu apporter sur la terre, soit allumé avant que vous allumiez celui de votre colère, qui réduira toute la terre en cendre.  Envoyez votre Esprit et les choses seront créées, et vous renouvellerez la face de la terre. ” (Ps 103, 30). »

Jean-Paul II bienheureux ? Rien n’est moins sûr. Et la vraie charité est de prier la divine Miséricorde pour le repos de son âme...

frère Bruno de Jésus.