21 décembre 2005

[John Grasmeier - AngelQueen] Entretien avec Son Excellence Mgr Richard Williamson

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - John Grasmeier - AngelQueen - 21 décembre 2005

A la suite de tant d’événements tels que les récents contacts entre la Société et la Curie, j’ai pensé qu’il serait opportun de solliciter un nouvel entretien auprès de son Excellence. Quand je l’ai contacté pour l’informer que j’envoyais mes questions au Frère John, j’étais certain de m’adresser à lui sous le titre de « Votre Excellence », plutôt qu’« Eminence », ainsi que je l’avais fait au cours du premier entretien. Bien qu’il ait été assez aimable pour ne pas relever mon erreur, j’ai été très embarrassé quand j’ai découvert (en même temps que les milliers de lecteurs qui avaient lu la version non-éditée du premier entretien) à quel point j’ai été minable.

Après tout, je n’avais aucune expérience en la matière, puisque avant d’entrer en contact avec l’Evêque Williamson, je n’avais jamais eu affaire à un Evêque Catholique, ni à m’adresser à lui. J’ai approché une fois un Evêque américain de la « pleine communion » (qui restera anonyme) pour lui demander un entretien, mais rien n’en est jamais ressorti. J’ai du passer par un adjoint appointé et sans doute bien payé faisant office de « filtre » et portant un titre très long, lequel, à la suite de plusieurs échanges de communications, a finalement accepté de soumettre mes questions posées à ce personnage si important à l’examen et au jugement de son comité directorial. Je n’ai jamais reçu de réponse ni de l’un ni des autres, ce qui me laissait supposer que cet évêque, soit vivait dans quelque lointain système extra-solaire, soit, pour quelque raison que ce fut, ne considérait pas digne de son temps les nombreux milliers de Catholiques internautes qui visitent Angelqueen.org.

Par contraste, mon contact initial avec l’Evêque Williamson fut son appel personnel chez moi afin de corriger une mauvaise information qui avait été postée sur le forum, laquelle impliquait la mise en cause de la réputation d’une personne. Il semble que Son Excellence ne rechigne pas se salir les mains avec les « humbles », et il entama son appel par un simple « hello ? » comme nous le faisons tous. Pas de filtres ni de processus complexes pour l’approcher. La seule raison pour laquelle les communications par e-mails doivent passer par le frère John, et que l’évêque ne s’embarrasse pas d’informatique et ne trouve aucun intérêt dans les ordinateurs.

Il protesta vivement quand j’ai mentionné que je lui poserai des questions plus personnelles que celles que je lui avait posées lors du premier entretien, mais il ne repoussa pas d’emblée ma requête. Après tout, peu importe ce que l’on pense de lui, c’est un personnage intéressant, et auquel beaucoup de personnes s’intéressent.

Appréciez :

AQ : L’Evêque Fellay s’est entretenu longuement récemment avec le Cardinal Hoyos. Y aurait-il quoique ce soit que vous puissiez partager avec nous à propos de ce qui en est ressorti.
Ev. Williamson : La principale proposition pratique qui a émergé de ces cinq heures de discussion lors de la rencontre du 15 novembre avec le Cardinal Castrillon était que les quatre évêques devaient signer tous les quatre demandant à Rome la « levée » de l’« excommunication » de 1988. Selon le commentaire de l’Evêque Fellay, il serait difficile de trouver pour une telle requête une formulation qui puisse satisfaire à la fois Rome et la FSSPX. Rome est à la recherche de la moindre reconnaissance d’une erreur, ou manifestation de regret, de la part de la direction de la FSSPX. La FSSPX a toujours soutenu que, de par la loi de l’Eglise elle-même, cette « excommunication » était et reste inexistante. Aussi est-il difficile dès lors d’apercevoir comment un accord pourrait être trouvé quand à la formulation d’une telle requête.
AQ : Croyez-vous que nous pouvons nous attendre à de substantiels changements dans la situation qui prévaut entre Rome et la Société, dans un avenir proche ?
Ev. Williamson : Honnêtement, je ne vois aucune vraisemblance d’un changement dans le proche avenir de la situation qui prévaut entre Rome et la FSSPX. Même si Rome se convertissait à moitié et la FSSPX trahissait à moitié dans le but, pour chacune des parties de faire la moitié du chemin, il demeurerait toujours une guerre à mort entre le Conciliarisme et la Catholicisme. Nous ne sommes pas en train de parler du caractère sympathique ou hostile de Rome ou de la FSSPX. Nous sommes en train de parler de deux religions différentes et nécessairement opposées.
AQ : Dernièrement, certains cercles au sein des divers « camps » traditionnels (Una Voce, les groupes Ecclesia Dei, les groupes de l’indult, des Catholiques conservateurs etc.) se sont efforcés de chercher des moyens d’unir leurs efforts pour rapprocher la Sainte Mère Eglise de la Tradition. Certains affirmeraient qu’il y a eu un réchauffement notable envers la Société. Avez-vous quelque influence en cela ?
Ev. Williamson : Que Dieu bénisse les âmes Catholiques qui travaillent à ramener les clecrs d’aujourd’hui à la Tradition Catholique ! Il est normal que dans ce mouvement ils puissent avoir des sentiments plus chaleureux, comme vous l’évoquez, envers la FSSPX, mais la FSSPX n’est pas la question. La FSSPX na de raison d’être que pour la défense de la Tradition. Ce qui est important ce n’est pas que des catholiques doivent nourrissent des sentiments chaleureux envers la FSSPX, mais qu’ils doivent croire ce que l’Eglise Catholique a toujours cru, et qu’ils doivent comprendre – ce n’est pas une chose aisée de comprendre ! – à quel point cette foi exclut toute acceptation de la nouvelle religion humanitaire véhiculée et promue dans le nouveau rite de la Messe de Paul VI, et dans les 16 décrets du second Concile du Vatican.
AQ : Pourriez-vous vous étendre sur vos efforts en Argentine? Vous appréciez votre mission et votre travaux sont-ils féconds ?
Ev. Williamson : J’ai été affecté en Argentine depuis Août 2003, en d’autres morts depuis plus de deux ans, hormis des voyages. Je suis en ce moment Recteur du Séminaire d’Amérique Latine de la FSSPX, à 50 minutes de Buenos Aires. Nous avons quelques 20 séminaristes, l’un ayant été ordonné prêtre cette année, et nous avons en outre huit jeunes hommes en année d’Humanités, qui constitue une sorte d’introduction au cours normal des six ans du Séminaire.
AQ : Certains ont supposé qu’il pouvait y avoir une division au sein même de l’épiscopat de la FSSPX. Parlez-nous de vos relations professionnelles et personnelles avec les autres évêques de la Société, de manière la plus explicite possible.
Ev. Williamson : Les amis comme les ennemis de la FSSPX sont concernés par une division entre les quatre évêques de la FSSPX. La Rome Néo-moderniste en particulier suscite des rumeurs selon lesquelles trois des quatre évêques seraient prêts à être sympathiques à « Rome », alors qu’un seul (qui doit rester anonyme) insisterait pour être hostile à « Rome ». A tous les amis de la FSSPX, je suis heureux de préciser qu’il n’existe nullement une division telle que celle que « Rome » cherche à le croire, ou a créer. Tous les quatre Evêques croient au Catholicisme, et ne croient pas au Conciliarisme de « Rome », c’est-à-dire à la nouvelle religion globalisante qui a surgi au sein de l’Eglise Catholique avec Vatican II.
AQ : Parmi les Evêques de la Fraternité, vous êtes souvent jugé comme le “mouton noir” ou suscitant le plus de controverses. Pourquoi selon vous une telle situation ?
Ev. Williamson : Les Anglais sont réputés pour être excentriques, et je suis Anglais, aussi je suppose que je suis excentrique (bien qu’il m’arrive d’être intimement persuadé d’être le centre de l’univers). En tout cas, je suppose que je demeure suffisamment excentrique pour passer pour « le mouton noir » ou pour « susciter des controverses ».
AQ : Pourriez-vous nous parler de l’époque de votre vie à laquelle vous vous êtes converti au Catholicisme ? Quelle était votre situation personnelle à cette époque ? et d’où vous est venue cette grâce ?
Ev. Williamson : Je suis devenu, par la grâce de Dieu, Catholique Romain en 1971, parce que Dieu m’a fait comprendre que le monde moderne s’était très profondément fourvoyé. En 1972, je suis entré au Séminaire de l’Archevêque Mgr Lefebvre à Ecône, en Suisse, parce que Dieu m’a fait comprendre que le véritable Catholicisme Romain se situait avec cet Archevêque, plutôt qu’avec la majorité des autres clercs. C’est la même grâce de Dieu qui m’a fait comprendre, premièrement, que le monde moderne s’était fourvoyé, et deuxièmement, que la nouvelle religion conciliaire émergente au début des années 1970 faisait partie du problème et non pas de la solution, qui ne pouvait être autre que Dieu permanent et immuable et sa religion permanente et immuable. C’est cette religion que maintenait l’Archevêque Marcel Lefebvre.
AQ : En mettant à part les questions spirituelles pour un instant, avez-vous des recherches temporelles qui vous intéressent ? Avez-vous des hobbies, des sports, des distractions ou tout autre chose (si c’est le cas) auxquels vous vous livrez quand vous avez du temps libre ?
Ev. Williamson : Le travail d’un Evêque ne doit pas ordinairement lui laisser beaucoup de temps libre, mais j’ai développé depuis le début de mon adolescence un grand amour pour la musique classique, en particulier pour Beethoven et Mozart, et j’écoute encore leur musique sur CD.
Q : Il est probablement exact de déclarer que l’on a beaucoup plus écrit et raconté sur vous que vous-même n’avait écrit ou dit à propos de vous-même. Y aurait-il des malentendus que vous voudriez dissiper ou quelque chose que vous voudriez dire à vos détracteurs ?
Ev. Williamson : A tous mes détracteurs, je veux seulement dire : « Allez-y ! continuez !». Mais je voudrais aussi leur demander de m’inclure dans leurs prières quotidiennes