30 avril 2005

[Jean Bojo - Credo] "L'Espérance est une vertu chrétienne..."

SOURCE - Jean Bojo - Credo n° 169 (Juin-Juillet 2005) - 30 avril 2005

La Terre Sainte
Le pèlerinage annuel de la Tradition en Terre Sainte s'est très bien déroulé. Trente deux pèlerins émus, parfois jusqu'aux larmes, ont marché dans les pas de Notre Rédempteur et de sa Très Sainte Mère: Nazareth, Bethléem et Jérusalem, où le Chemin de Croix prié et chanté sur la Via Dolorosa fut le temps fort du pèlerinage.

Mais hélas! Cette Terre à jamais Sainte est coupée en deux par un effroyable mur de béton, haut de sept mètres qui enferme la Cisjordanie dans un ghetto semblable à ce qu'était le funeste rideau de fer. La magnifique route qui va de Jérusalem à Bethléem passe par la porte, que vous voyez sur la couverture de ce numéro. Ce mur, long de près de 300 km, sera un jour une partie de la frontière de l'Europe puisque l'Etat d'Israël a déjà fait une demande pour y entrer!
Nous avons un Pape : Habemus Papam
C'est pendant ce pèlerinage que nous avons appris le rappel à Dieu de Jean-Paul II. Les cloches des églises ont sonné et dès le lendemain notre messe dominicale a été célébrée pour le repos de l'âme de celui qui a dirigé pendant plus d'un quart de siècle l'Eglise catholique. Ce fils spirituel de Paul VI, comme il aimait se nommer, a attiré vers l'Eglise des centaines de milliers de jeunes, "génération Jean-Paul II". Dans ce monde matérialiste, athée et pervers, le Pape est resté un roc dans la défense de la Vie et de la morale naturelle, sanctifiée, sacralisée par le Verbe Fait Chair et immuable dans le temps.

Mais c'est aussi le Pape de la journée d'Assise. Journée qui lui "a fait perdre Mgr Lefebvre", ainsi qu'il l'a lui-même dit à un des cardinaux de la Curie. Rappeler cet événement, ainsi que quelques autres, comme le baiser fait sur le Coran et l'œcuménisme, pour lequel Jean-Paul II était prêt à modifier la fonction du Vicaire du Christ "une nouvelle forme de primauté", ne nous transforme pas en "traqueur d'hérésie", comme nous l'avons lu sous la plume du Directeur de Rédaction d'un périodique catholique et national. Ce n'est pas pour "attiser la haine" que nous rappelons ces prises de positions; c'est parce qu'elles ne sont pas catholiques; elles nous font souffrir et nous en sommes tristes.

Notre Seigneur a rappelé à Lui son Vicaire, après un temps de souffrances physiques qui a pu paraître interminable, et durant lequel le Saint Père a été un exemple de courage et de simplicité pour le monde entier. Puis à Celui qui nous avait dit "n'ayez pas peur", la Providence a donné comme successeur un Pape qui a repris cette formule en l'expliquant: "N'ayez pas peur du Christ! Il n'enlève rien et Il donne tout. Celui qui se donne à Lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ et vous trouverez la vraie Vie".

"Je m'appellerai Benoît XVI parce que le pontificat de Benoît XV a été court, et le mien risque de l'être et aussi parce que Benoît XV a été Pape à une période troublée … il a été un artisan de paix et de réconciliation. Cela, c'est vraiment mon programme: travailler à la paix et à la réconciliation, je veux que mon pontificat soit un pontificat de travail, de labeur": Ces paroles ont été citée par le cardinal Barbarin, dès la fin du conclave. Lors de la première audience sur la place Saint-Pierre le 27 avril, Benoît XVI reprenait ces propos et parlait d'une Europe chrétienne dont Saint Benoît est l'un des Patrons. Le pape nommait également les Saints Cyrille et Méthode, Sainte Catherine de Sienne. Benoît XVI, laborieux et travailleur, 265e successeur de Saint Pierre, libérera-t-il la Sainte Messe comme le demandent de nombreux prêtres, dont ceux de la FSSPX? Certes il nous faut le souhaiter et beaucoup prier pour cela. Lorsque nous lirons ce numéro de Credo durant la première quinzaine de juin, nous serons sans doute plus éclairés sur les désirs et volontés de notre Saint Père. En cette année "Eucharistique" dont la fête du Très Saint Sacrement est le sommet, il serait étonnant que Benoît XVI ne parle pas du Saint Sacrifice de la Messe; Lui qui a déjà fait allusion à cette fête dans ses premières homélies: "Je demande à tous d'intensifier dans les mois à venir l'amour et la dévotion à Jésus Eucharistie et d'exprimer de façon courageuse et claire la foi dans la présence réelle du Seigneur, en particulier à travers le caractère solennel et digne des célébrations (Messes, Saluts au T.S.S., Adorations, etc… Note du Présid.) Je le demande de façon spéciale aux prêtres … Le sacerdoce ministériel est né dans le Cénacle, en même temps que l'Eucharistie … La célébration pieuse et quotidienne de la Messe, centre de la vie et de la mission de chaque prêtre, y contribue de façon spéciale" (Extrait de l'homélie du mercredi 20 avril).

Espérons que Le saint Père, Benoît XVI, allemand de naissance, n'aura pas trop hérité des "Romantiques allemands" du siècle dernier: ces "philosophes" qui mettaient en doute l'historicité des Evangiles et dont Renan, de triste mémoire, s'est inspiré pour écrire la Vie de Jésus. Cette Vie de Jésus, qui, bien qu'elle fit scandale à sa sortie mais valût à son auteur les gloires de la République, fait encore des ravages parmi nos exégètes modernes. Depuis 1962 le Rhin peut s'être calmé et ne plus se jeter dans le Tibre. L'Espérance est une vertu chrétienne!
Le referendum
Un autre événement aura également retenu notre attention: le fameux référendum du 29 mai. Du OUI ou du NON, quelque soit le résultat, notre tâche d'apôtre, de disciple du Christ est toujours la même: être encore plus catholique, c'est-à-dire plus parfait, plus pieux, plus charitable (Ubi caritas et amor …), plus apostolique (dans ce domaine le travail ne manque pas!) et plus français. C'est à ce prix que lentement mais avec persévérance la France restera ou redeviendra la Fille aînée de l'Eglise. Notre devoir est de transmettre ce dépôt aux générations qui nous suivent: catholique et français toujours.
La messe du diable
Il y a quelques semaines, j'ai fait la connaissance d'un prêtre pratiquant des exorcistes et qui a toujours célébré la Messe de St-Pie-V. Ce prêtre m'a rapporté entre autres un fait surprenant au point que je l'ai mis en écrit et ai fait approuver cet écrit par le prêtre lui-même avant de le rapporter avec son approbation dans notre revue.

"Ce prêtre pratiquant un exorcisme, en présence d'un médecin, le Possédé (par la voix du Grappin) lui dit :
« Pourquoi ne dis-tu pas la Messe comme les autres ? »
Interloqué, le Prêtre lui a rétorqué :
« C'est quoi la Messe comme les autres ? »
Le Possédé a répondu :
« C'est la Mienne … Elle est a Moi ! »

Mgr Lefebvre appelait cette nouvelle Messe : la Messe de Luther. Lorsque l'on sait quel moine était ce Luther, doit-on être étonné des vociférations du Grappin? Mgr Lefebvre disait aussi qu'Elle était équivoque, parce qu'Elle pouvait être dite dans le sens du Sacrifice (catholique) et dans le sens d'une simple cène ou repas (protestant). "Que votre oui soit oui, que votre non soit non, tout le reste vient du Malin" nous a dit Notre Seigneur (Mt5,37).

Il nous faut supplier le Saint Père, Benoît XVI, de "libérer" la Sainte Messe de toujours, de permettre à tout prêtre catholique de la célébrer librement et de lui redonner tout son éclat.

Prions, prions, prions pour cela: "Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, Il vous l'accordera".

Ce 30 avril 2005
En la fête de Ste Catherine de Sienne
Jean BOJO